vendredi 7 octobre 2011

C’est dans les vieux pots…


Voilà-t-y pas qu’en allant fouiller dans les combles de sa luxueuse demeure (dont la localisation reste évidemment secrète) Max Granvil retrouve un texte publié par lui jadis et ailleurs. 
Passé l’instant d’égarement où il donne libre cours à l’intense émotion qui le submerge, quand les larmes ont fini de couler sur ses joues émaciées couvertes d’une courte barbe taillée avec soin (il est comme ça, EmGé : émotif et méticuleux, faudra vous y faire), il se dit comme ça : « Té, peuchère, cong : ce texte il est encore vachement actuel, pétard ! Pourquoi que je le livrerais pas en pâture à ce publikémé — oui, toi, Brian ! Toi, Samantha ! — qui m’adule et me révère ? Hein, pourquoi ? ». 
Aussi taudis, Ô site, Ô fée : un coup de breuchingue au texte exhumé et le voilà  sous tes yeux, lecteur. Repais-toi et surtout mastique bien : EmGé fournit le (second) couteau. La fourchette et la cuillère sont à ta charge. Ça s’appelle justement…

Éloge des seconds couteaux



 

                     Le monde du jazz d'aujourd'hui — du moins les non musiciens (critiques, amateurs, promoteurs, managers ...) qui gravitent autour de ses créateurs — passe une partie de son temps à regretter l'absence de figures majeures, à attendre le(s) messie(s) à venir ou à en introniser hâtivement. "Prophètes" ou "divas", "dieu(x) du piano" ou "alto(s) le(s) plus swinguant(s) de la planète" et autres "surdoués" apparaissent et disparaissent ainsi sous la plume des critiques, des attachés de presse et des rédacteurs de programmes de festivals au fil des ans et des saisons. Rassurante (?) pour un public en quête de prêt à penser et à écouter, cette nomenclature dithyrambique est aux antipodes de la réalité du terrain et de l'esprit du jazz. 
Il a certes toujours existé un panthéon dans ce domaine, auquel ont successivement accédé — et sans s'exclure — des King (Oliver, Cole), Duke, Count, Empress (of the blues), Prez ... mais leur grade leur était attribué par leurs pairs, et les fans le plébiscitaient ensuite. Par ailleurs cohabitaient avec ces figures séminales objectivement à l'origine d'un style ou d'une évolution, d'autres, tout aussi reconnues pour les mêmes bienfaits, mais pourvues de surnoms a-hiérarchiques — si tant est que les titres des premiers aient eu une quelconque valeur en termes de rang — tels que Satchmo, Lady Day, Bean, Klook, Dizzy, Bird ... Enfin d'autres bénéficiaient de surnoms à valeur ambiguë comme Fatha (Earl Hines), Papa (Jo Jones) — mais qui, alors, était le Grand-Père? —, Little Giant (Johnny Griffin) — qui était le Grand Géant? — ou The Sound (Stan Getz, que personne n'oserait considérer comme étant le seul à avoir/être LE son).
Et, justement, cette terminologie n'était-elle pas avant tout une façon de reconnaître à chaque musicien digne d'intérêt une spécificité en termes de sonorité (The Knife : Pepper Adams),

de jeu (Trane : Coltrane), de "hipness" (Newk : Sonny Rollins), ou une manière de circonscrire métaphoriquement l'essence de son être (Big Ben : Ben Webster ; Bird, encore ; Little Giant, éventuellement...).

À ce titre tout musicien — surtout les seconds couteaux ou petits-maîtres — pouvait, à un moment de sa carrière, se voir accepté et reconnu dans sa spécificité sans que cela induise obligatoirement l'attribution d'une place dans la hiérarchie. On a vu que cette dernière n'était pas le souci principal. De plus le gravissement des échelons n'était pas envisageable, les "places" étant attribuées à titre définitif. Ainsi Paul Quinichette resterait éternellement le Vice-Prez, titre d'honneur à sa mesure, et non pas grade de sous-fifre par rapport à Lester Young.
            Et voilà bien ce qui nous manque aujourd'hui : cette aptitude à mettre chacun à sa place sans faire jouer une concurrence illusoire et stérile. Est-ce grave, Docteur ? Oui, mais pas irrémédiable. Car la perte de cette faculté est le symptôme de la disparition progressive d'une culture et d'une capacité d'écoute sélective et discriminatoire mais ouverte. Quand on a — et tant qu'on avait — dans l'oreille le son, le phrasé, le toucher, le grain... de chacun et en mémoire le son, le phrasé, le toucher, le grain... de ses pères, ses mères, ses frères et ses sœurs Oh oh ! C’était le bonheur… car en fait c'est ça, la culture ! Quand on a tout cela, on peut classer chacun dans sa catégorie en fonction de sa spécificité sans avoir obligatoirement à juger ou à hiérarchiser car ce n'est pas une nécessité intrinsèque : on aime ou l’on n'aime pas ; on est ou non sensible. ça, c'est la capacité d'écoute ouverte qui se perd de plus en plus — Ô Maja, Maja, qu’allons-nous devenir? http://blogdegarenne.blogspot.com/2011/09/dans-la-serie-le-hachoir-et-la-bedide.html — dans les avenues bien tracées des playlists TSFIPencéphalogrampla et autres bestof2lafnakabobos.
L'exercice de cette faculté d'écoute et de classement est jubilatoire : quel pied quand, fan semi débutant, on prend conscience, l'oreille collée à la radio ou au baffle, du fait que l'on ne confondra plus jamais Coltrane et Rollins dans « Tenor Madness », http://fr.wikipedia.org/wiki/Tenor_Madness ou que l'on discerne à merveille ce qui sépare Bill Evans de Wynton Kelly selon les plages de "Kind of Blue" http://fr.wikipedia.org/wiki/Kind_of_Blue
Cette faculté d'écoute et de classement est aussi la fierté légitime de l'amateur éclairé, sanctionnée par son degré d'aptitude au redoutable et jouissif "blindfold test". Mais qui pratique encore ce jeu haut de gamme ?
Cette capacité d'écoute et cette culture sont essentiellement personnelles. Indépendantes du savoir enseigné dans les "écoles de jazz" et de la connaissance des "chefs d'œuvres" et des "maîtres" universellement reconnus, elles sont indispensables aux amateurs comme aux musiciens. Elles établissent entre eux un lien de complicité et constituent un pôle d'identification communautaire. Elles sont une garantie de longévité du microcosme (sans sens péjoratif : les amateurs de grande cuisine ou de grands vins seront toujours une minorité — ce qui ne veut pas dire une « élite » —, que ça plaise ou non à certains). Elles sont un rempart contre l'obscurantisme et les fausses valeurs. Elles sont une monnaie d'échange symbolique dans le commerce des goûts et des couleurs. Elles sont des ports d'attache ou des sources d'accrochage dans le ballet des points de vue. Bref, ce sont les mamelles auxquelles se nourrit la passion du jazz, et il est encore possible de s'y ressourcer si on aborde ces rivages avec enthousiasme, courage, humilité, sans peur et sans reproche.
Sans cette capacité d'écoute et cette culture, en effet, l'amour de la musique de jazz n'est qu'une toquade vide de sens et sans avenir, soumise au vent des modes, aux approximations et exagérations des promoteurs intéressés et des critiques "autorisés".
Et comment mieux développer cette capacité et acquérir cette culture qu'en s'affûtant les oreilles à l'écoute des seconds couteaux d'hier et d'aujourd'hui ? De ces inestimables et inimitables "petits-maîtres" qui, en peaufinant leur art et leur manière, ont fait, font et feront découvrir à nos tympans avisés les couleurs de l'arc-en-ciel.






                       


mercredi 5 octobre 2011

«L’art est public, Françoise! »


Et voilà-t-y pas que Blog de Garenne vous propose une nouvelle rubrique :  «L’art est public, Françoise! ». Une rubrique gratoche, passionnante, truffée d’infos zinédites et croustillantes sur l’image que notre belle nation donne d’elle-même à l’étrange et… 
Aujourd’hui : La France en Corée… toujours (ou toujours et encore, si tu préfères, honorable lecteur).

Le Jarasum Jazz Festival (huitième édition) www.jarasumjazz.com/the8th/home a lieu début octobre sur une île au milieu d’une rivière, à moins de deux heures de voiture au nord-est de Séoul (si ça roule bien, et en ce long week end férié c’est loin d’être le cas). En tout cas le festival est une sympathique attraction populaire organisée avec un remarquable professionnalisme : environ 15 000 spectateurs, moyenne d’âge autour de 20-30 ans (largement en-dessous de ce qu’on constate en Europe de l’Ouest, mais la lointaine Asie est jeune, on le sait).
On campe sur place et on allume des lampions qui s’envolent dans la nuit frisquette, on s’amuse, on casse la graine, on picole gentiment de la bière locale, du vin de riz local, du vin de vigne issus de cépages austraux plutôt qu’occidentaux (eh oui, c’est loin l’Europe, vu d’ici), et on écoute du jazz de tous les pays, de toutes les tendances (hormis le New Orleans et le free pur et dur) avec une dominante jazz-rock soft et easy listening. 

C’est que le pays est jeune dans ce domaine, mais curieux et avide de découvertes. Et parmi ces découvertes, deux groupes français. Deux trios, aux antipodes l’un de l’autre. A ma droite le Trio d’en bas : jeune, en tournée estampillée Spedidam www.spedidam.fr/, Institut Français www.institutfrancais.com/, Languedoc Roussillon Réseau en Scène http://www.reseauenscene.fr/. A ma gauche le trio de Marc Ducret : seize ans de vie commune, estampillé « notre réputation nous suffit largement ».
Tous deux jouent pour la première fois en Corée.
Max Granvil (EmGé pour les uns, Tim, et ce que vous voudrez pour les hôtes), l’envoyé spécial de Blog de Garenne (BédéGé pour les uns…), présent sur les lieux, ne va pas ici jouer les deux trios l’un contre l’autre : y’a pas photo — ça être sûr —, et on espère que les jeunots de l’aprèm’ sont allés écouter « le Marco et ses deux sbires » en fin de soirée.
EmGé ne va pas se gêner, par contre, pour comparer les deux modes de fonctionnement : le Trio d’en bas (qu’il ne connaissait pas mais dont il vous laisse apprécier le ramage sur le lien ci-contre http://triodenbas.com/ ) fait partie de ces jeunes groupes repérés par l’Afijma et bénéficiaires de la tournée Jazz Migration organisée par ladite institution. Ils ont été repérés par le directeur artistique du Jarasum Jazz Festival (JJF) à l’Europa Jazz Festival du Mans, où ledit D.A. était invité pour découvrir notre scène et « faire son marché de jazz français » (ce qui n’est que naturel : faut bien manger, et si possible en variant ses menus dit mon nutritionniste). La présence du Trio d’en bas au Mans ce printemps et les divers soutiens dont ils bénéficient ont bien sûr pesé dans la balance pour aboutir à leur présence à Jarasum (« Votre trio de jazz français, vous le préférez cash et sans sauce ou avec des petits légumes marinés plus 20% de réduction, Señor JJF Artistic Director ? »). EmGé n’était pas au Mans ce printemps et ne sait pas quels étaient les autres groupes au menu. Ce qu’il a vu du Trio d’en bas à Jarasum, par contre, l’a très moyennement convaincu : de bons musiciens certes (mais en sort-il de mauvais des écoles de jazz, à c’t’heure ?), un peu de musique certes — plutôt pas mal même, au début —, mais surtout beaucoup de show voire de cirque d’un goût douteux (dérouler une partition de 3km pour singer le soliste classique sur une parodie de valse viennoise, imiter l’accent allemand — ce dont je doute que ces trois lascars oseraient le faire en Allemagne, Autriche, Suisse alémanique… tous pays où les groupes de leur niveau pullulent…), bref une tentative assez pitoyable de se mettre le public dans la poche en faisant le coup des djeunz qui s’amusent… ou qui se la pètent. Et tout ceci avec leur propre sonorisateur, et avec le soutien de l’argent public, en pluche. Fastoche ! 

Ducret/Chevillon/Echampard www.marcducret.com/, en comparaison, c’est la grande classe (et l’on souhaite au Trio d’en bas de grimper un jour à ce niveau de maturité/musicalité). C’est également au Mans que le D.A. de Jarasum a repéré Marc Ducret, dans un contexte autre que son trio. Conseillé par son épouse Youn Sun Nah — chanteuse que tu ne peux ignorer, ami lecteur, sinon je te raye de mes papiers —, fine connaisseuse de la scène française, il a engagé le trio… et bien lui en a pris. Imaginez un public familier des clones asiatiques de Mike Stern ou Pat Metheny projeté d’un coup sur la planète Ducret et découvrant du même coup le jeu de basse de Bruno Chevillon et le drumming d’Eric Echampard ! 

Pas de crises cardiaques dans la salle, mais un enthousiasme palpable, des applaudissements à tout rompre pour tout ce qui peut ressembler à un morceau de bravoure, et un « We love you ! » final lancé par une voix féminine, qui résume l’impression générale. Et tout ceci pour trois musiciens (je repète — et répétez après moi, je vous prie — : mu-si-ciens) qui jouaient à minuit, les doigts quasi gelés, sous un chapiteau glacial… mais avec une générosité totale, sans esbroufe, et munis de leur seul talent, de leur expérience de la scène, et d’une vision de la musique d’une authenticité telle qu’on ne l’imagine pas un instant assortie de pitreries et autres gadgets scéniques.  Là, en Corée, de nuit, encore (et toujours) — EmGé aussi peut faire de l’ « humour d’en bas » — : « less is more » (ce que je ne parviendrais pas à traduire avec les quelques bribes de Coréen que j’ai réussi à capter lors de cet instructif séjour — Ja, ja : très inztrüktiv… vu d’en bas). MG
PS: Petit codicille destiné à faire comprendre à nos édiles que, vue d'Asie, la France c'est loin: parmi les divers produits proposés au artistes dans leurs loges on trouvait un vin plutôt bon venu d'Afrique du sud et non de nos bons vieux terroirs. Son nom sonne comme un pied de nez à nos valeureux vignobles:
Et quand on rentre au pays, on sait tout de suite où l'on est! Ci-dessous, l'entrée des WC à Roissy CDG:

mercredi 28 septembre 2011

Dans la série "le hachoir et la bédide küiyäre" voici: Ach, la Frantz du jâze!

 

Allez, va (say-tü, une fois), à la demande populaire, M. G. va vous livrer le fond de sa pensée sur cet étrange territoire ouest-européen qu’on nomme la France.
Ca sera pas trop long pasque ça sera en plusieurs épisodes, et que même que  EmGé laissera parfois la plume à un autre qui complètera le tableau.

Ach, la France : un vrai poème ! Quand on y arrive/y revient de l’étranger on n’en revient pas de voir ce beau pays qui attire les touristes du monde entier — lesquels, entre Mont Saint-Michel et Tour Montparnasse réussissent à peine à trouver le temps de respirer après avoir slalomé des Baux de Provence à Montmartre, des Gorges du Tarn à la baie des Anges — de voir ce beau pays, disais-je, mariner dans une morosité d’autant plus inexplicable que l’été indien nous accable de son foutu soleil et de ses incroyables températures (Eh, Stival, tu veux pas aller m’accrocher mon hamac ? Avec mes tongs je peux pas grimper à l’échelle...). 
Bref c’est la (sacro-sainte) rentrée: toute la monde il revenir de vacances et toute la monde il être déjà fatigué, ma part au l’donneur ! T’y crois, toi ?
Repassez la frontière, et soudain ça vit, ça tchatche, ça pulse. Tenez, chez nos voisins Belges : ces gras ces filles, officiellement, y z’ont pas de gouvernement depuis plus d’un an. Le bordel total, qu’on croirait ? Que nenni ! La honte de l’Europe, qu’on croirait ? Sont guère fiers, c’est sûr, mais s’en foutent un peu puisque la boutique tourne quand même. Pasque (on dira c’qu’on voudra) moinsse qu’y a d’énarks à la tête, plusse qu’y a d’gens compétents aux commandes (suivez mon r’gard). 
Ainsi à Bruges — où EmGé fut il y a peu — nos voisins Belges, tout divisés qu’ils sont, ont trouvé le moyen de transformer le showcase bisannuel appelé Flemish Jazz Meeting (ce blog va parler de jazz, et pas qu’un peu : tu l’auras compris, lecteur…) en un Belgian Jazz Meeting convivial, bilingue, et d’une qualité supérieure à celle de ses prédécesseurs exclusivement Flamands.
http://www.belgianjazzmeeting.be/
Faut le faire, quand même ! C’est le foutoir au sommet ? Profitons-en pour casser les barrières à la base, en quelque sorte.

Pendant ce temps, chez nous, la Rue des Lombards continue son petit train-train avec concerts de lancements de skeuds, vedettes américaines de passage (Sunside à moitié vide le 27/09 pour Tony Malaby, William Parker & Nasheet Waits, qui n’ont pas besoin qu’on leur demande gentiment pour déchirer grave) et hommages à…
Ô Maja, Maja, pourquoi nous as-tu abandonnés ? (Maja est le dieu de la créativité/inventivité/originalité chez une peuplade perdue d’un pays dont le nom m’échappe) Car tu nous as abandonnés — il n’y a aucun doute — puisque le jazz français ploie sous la chape de plomb des « hommages à ». Qu’avons-nous fait pour mériter cela ? Pourquoi la RDL (Rue des Lombards) est-elle truffée de petits temples, ashrams et chapelles (que les vrais Lombards d’autrefois incendiaient sans pitié, en bons barbares consciencieux qu’ils étaient) dévolus au culte de Machin, Truc et Chose (de chez Blue Note millésime sixties si possible) célébré par truc, chose et machin (de chez Farther, Verroterie, et autres étiquettes d’aujourd’hui qui se prennent pour des « la belle »  de jâze? 
Nous avons fait quelque chose pour mériter un tel châtiment, c'est sûr, et il faut prendre nos responsabilités au lieu de sombrer dans une inepte culpabilité (qui, comme chacun devrait savoir, « n’est pas un bon outil de travail » © Clair M., un vieux potamwa) ou dans l’auto-flagellation qui va avec, voire dans le lamento (qui, s’il n’est pas d’Ariana et signé Claudio Monteverdi, est impitoyablement rejeté par EmGé).
« What, donc que nous avons fait ? », entends-je dire. Mais putain, (Oops : sorry Médème !) nous avons laissé FIP, TSF et leurs sbires SM (tous les Sébasdal Meurtien, s’il faut être précis) prendre le pouvoir sur nos esgourdes et les inonder de leur sirop FM (franchement merdique) calibré de la façon suivante :
   Pas de musiques en mode mineur tôt le matin (ça fout les boules au travailleur laborieux qui arrive au taf la gorge nouée et les larmes aux yeux : émotions incompatibles avec les objectifs de productivités d’une société qui bla bla bla. Or chacun sait que « bla bla bla » est le contraire de « bal bal bal », où l’on y danse comme sur le Pont d’A.)
   Rien de dense, donc, rien que du léger, du light, du facile à digérer qui ne nourrit ni l’âme ni le coffre à poulets. Le tout coincé entre 1935/40 (Glenn Miller en gros) et 2011 en évitant soigneusement tout ce qui peut gratter/râper/déranger et sortir de l’étroite bande passante du « facilement écoutable » (easy listening, en Rosbif). Donc 10 x plus de Brad Met le Dos. que de Phineas Newborn Jr., de Earl Hines, de Herbie Nichols, de Geri Allen ou de Myra Melford, pas de « free » (même pas « Conference of the Birds », la quintessence du free-cool qui fricoule sur ces ondes une fois tous les tsunamis), pas de zarbis étranges (Eleck Backsik, Jean-Jacques Elangué, Henry Threadgill, Siegfried Kessler, Zbignief Namyslowski : des Gitans hongrois, Nègres français et autres altistes polonais dont FIP/TSF se battent les bijoux de famille qui leur font défaut).
 
      Voilà en gros le PJF (paysage jazzistique franchouillard), dont il faudra bien reparler sous peu car il y a à dire. 
      Et ne t’inquiète pas, lecteuraimé/lectriçaimée,  on ira fouiller dans les coins. On se limitera pas à Paname, ses quelques clubs de jâze à touristes et ses quelques festivals de jâze à bobos.       
      On ratissera l’Hexagone. Grave !

mardi 27 septembre 2011

Le nom de la chose


« Blog de Garenne » : Quoi ça il être ?
D’abord un coup de chapeau à son saint patron, Alphonse Allais, qui a écrit ces paroles définitives :
« Il est toujours bon d’avoir une particule. Être de quelque chose ça vous pose quelqu’un, comme être de garenne ça vous pose… un lapin ».   
Voici donc un titre à particule qui ne va pas plaire à tout le monde, et ce n’est pas le but. On est 6 milliards sur Terre, plaire à tout le monde ? Cours toujours, mon frère ! Et c’est très bien s’il plait aux uns et pas aux autres : laissons les dire ces mécontents. Laissons les éructer ces sons laids d’ire dont ils sont pleins. Et s’il les formulent de façon raisonnable et de contenu réfléchi on entamera même avec eux le genre de débat qu’on adore : ouvert, respectueux de l’autre, centré sur l’échange et pas l’ego (Pas laid ? Go (west, young man/girl) ! ≠ Pâle ego ? Dégage fissa, pauv’ naze !). Un truc d’agora grecque antique et de forum romain à peine moins antique (et sans les esclaves !), quoi ! Pas un machin de show radio-téloche en toc.
C’est le but de ce blog (s/l/b/d/s/b, au niveau des allitérations sifflantes/plosives/liquides) : jouer avec les mots, les sons, les sens (sensibles et sensés), les formes et les contenus sans fausse pudeur, sans retenue ni a priori, sans (trop de) clichés ni de banalités, sans goût particulier pour le clinquant ou le sordide.
Max Granvil (parce qu’il est bon et généreux, sinon magnanime) appuie sur la pédale de démarrage et drive la chose, mais vous lecteur (oui toi, là-devant avec tes lunettes, toi au fond avec tes taches de rousseurs, toi aussi avec ton catogan et tes grosses boucles d’oreilles ah, beau ris gène, toi aussi avec ton collier qui surligne ton décolleté discret … vous pouvez prendre la parole, réagir, modérer/contrôler ses éventuelles dérives quand il a trop lu, bu, cru, vu…
Mais tout ça sans attendre que Max Granvil réponde systématiquement à vos réactions.
MG, lui pas être un gourou : toi comprender ? Lui beaucoup travail avoir déjà et aimer faire la sieste aussi, et glandouiller, bricoler, causer avec potes au café en buvant double expresso molto ristretto que c’être très beaucoup difficile trouver en France.
Alors toi t’exprimer otanktuvø mais toi foutre la paix à MG sinon lui pfou ! pfou ! mettre deux balles dans ton skull avec Magnum cum silencieux (pour pas déranger voisins). Capice ?

Qui c'est celui-là?


Max Granvil est né quelque part en Basse-Normandie (et espère que ça ne fait pas de lui un imbécile heureux bas-normand) il y a quelque temps.
Il fut un des compagnons de Guillaume le Conquérant quand ce dernier alla évangéliser les Rosbifs, tenter de leur apprendre (en vain) les bonnes manières et leur faire connaître les oeuvres complètes d’Onissoy K. Imalypense.
Plus tard il apprit à bricoler avec Pépère, son vénéré aïeul, qui lui transmit l’intelligence de la main, secondé par quelques paysans de haut vol avec lesquels il s’initia à la traite des vaches, à la fenaison à la main, à la conduite de tracteurs… tandis que Mamie lui enseignait la droiture, la couture, le tricot, et même le crochet et la cuisine s’il était sage,  le tout avec une bienveillance dont le souvenir lui met encore la larme à l’œil.
Il traversa parallèlement le système scolaire français de merde sans trop de dommages collatéraux et en récoltant au passage (dans le désordre) une demi-douzaine d’amis à vie, quelques bribes de savoir(s) et de méthode(s), quelques souvenirs de pédagogues transcendants ainsi qu’un profond mépris pour l’EdNa, cette institution devenue depuis un vaste parking à jeunes, qu’elle trie de façon éhontée, sans le moindre discernement, et en dépit de tous les principes de la démocratie républicaine dont elle se réclame.
Il a néanmoins intégré (inconscient qu’il était) cette foutue EdNa où il croyait pouvoir exercer inpunément la profession de pédagogue marginal et baroudeur, jugé avant tout sur les résultats concrets de ses méthodes et sur la reconnaissance qui en découlait auprès du petit peuple apprenant. (et de certains de leurs parents). Mal lui en prit, après être passé pendant quelques lustres entre les mailles du filet, sous le regard réprobateur mais inoffensif d’un quarteron d’inspecteurs à la con.
Tombé à 20 ans dans l’escarcelle de « Sa Majesté Le Jazz » (après une période classique et rock/blues/pop dont il a gardé de beaux restes : Zappa, Jeff Beck, BHBS (Bach, Haendel, Beethoven, Schubert…) auxquels se sont depuis ajoutés Haydn, Scarlatti, Vivaldi, Schumann, Pergolèse, Monteverdi, Rachmaninov, Debussy, Dvorak, Berio, Rossini, Glass, Pärt, Chostakovitch, et même Penderecki si on lui demande poliment), Quicksilver Messenger Service (les deux 1°), Soft Machine (le 1°), King Crimson (le 1°), Hendrix, The Doors, Jefferson Airplane, Buffalo Springfield, Family, The Nice, The Fab Four et un peu des Stones… (j’en oublie) tout le blues de Blind Lemon Jefferson à Muddy Waters et ses dérivés UK de John Renbourn et Bert Jansch à John Mayall et Jeff Beck («Truth »!) déjà cité, une bonne tranche de folk/country/pop des deux côtés de l’Atlantique (Doc Watson et Martin Carthy, Nitty Gritty Dirt Band et Steeleye Span, Dylan et les Furey Brothers, Joni Mitchell et Hannes Wader, Leo Kottke et Paco de Lucia… vous voyez l’genre) il (lui, là, après être tombé à 20 ans dans l’escarcelle de « Sa Majesté Le Jazz ») se retrouve une douzaine d’années plus tard embauché dans une revue de jazz où il fait ses armes avant de se répandre avec délices (amours et orgues en prime, ça va de soi) dans divers autres organes de presse écrite et web, français, européens, étatsuniens.
Il en est là quand, un beau matin d’août 2011, se réveillant en pétard et miraculeusement animé d’une lucidité qui lui fait parfois défaut, il décide de tenter de secouer le cocotier du mundillo jazz français (et plus si affinités) en usant de sa plume de marque MacBook comme autrefois de son bon vieux sabre d’abordage quand, au côté du grand GLC (Guillaume le… : faudra vous habituer, il adore les acronymes et ils le lui rendent bien, venant se coucher à ses pieds, ronronnant de plaisir tels des chats, chassant pour lui les vilains clichés qui guettent, en embuscade au moindre coin de ses moindres phrases — les petits salopards), il allait évangéliser… (voir plus haut).
Vous tombez pile, le show va débuter. Pas d’applaudissements ni d’insultes, je vous prie. Les critiques et remarques intelligentes (appréciatives et/ou dépréciatives) — à vous de scanner vos cerveaux avant de « faire péter », comme on dit —, par contre, sont bienvenues et seront analysées méthodiquement avant réponse dans la limite des horaires qu’impose à Max Granvil la « vraie vie » qu’il mêne par ailleurs (aussi bizarre que ça puisse paraître). 
C’est parti mes « qui ? qui ? »
   Quoi : qui ?
   Mais vous, public aimé autant qu’anonyme… tant que vous ne prenez pas la plume et signez!
   Si niais ? T’as vu comment y nous insulte ce naze ! T’ar ta gueule, eh bouffon ! Ton blog, tu sais où je m’le carre ?
   Je crains d’en avoir une vague idée, mais ça ne m’empêchera pas de percer verts et…