jeudi 12 septembre 2019

The Wandering Wires, Vortex jazz Club, Londres 08/09/1019



 
Encore une voix : décidément c’est ma semaine de chance au Royaume-Uni ! Ce soir c’est Olivia Williams et ses hommes — soit The Wandering Wires, pour les intimes.
 
Sa voix est beaucoup plus douce que celle de Fiona Ross hier soir au centre ville et le groupe commence par une ballade gentiment chaloupée. Ces jeunes Britanniques (qui ne sortent pas d’une école de jâââze, me sussurre Ollie ze boss of ze Vortex) ont clairement le sens de la mélodie — et ce n’est pas le responsable du très joli solo de piano qui me contredira.
Y’en a qui penseront que cette musique douce et punchy à la fois n’a pas vraiment sa place au Vortex. Ils se gourent totalement ! L’image qu’on a souvent, en France, de ce club du nord-est de Londres est que c’est un repaire de free freaks fous furieux. Rien n’est plus faux : au Vortex toutes les musiques ont droit de cité et pas plus tard qu’avant-hier c’étaient des Africains qui tenaient la scène et leurs cousins & voisins vont revenir cinq fois jusqu’en octobre pour un festival de musique afrrrricaine (prrrésentement, là dis donc) — le 17° —, et dans quelques semaines my main man Evan Parker reviendra, comme il le fait tous les mois depuis des années (par accord avec Oliver Weindling, le patron des lieux, Evan prend la salle et Ollie le bar et tant que ça marche, ça marche !). 
 














 





















































Là Olivia — qui présente les musiciens et les morceaux (des originaux) — a invité le sax alto à se joindre au quartet voc/p/elb/dm et c’est de nouveau une jolie ballade qu’ils jouent et on la goûte avec la même gourmandise que la précédente car les 5 mecs/meuf qui occupent la scène nous servent de la beauté pure (si tant est que la pureté existe dans ce bas monde, évidemment ! — là je réponds par avance à l’objection que j’attendais de la part de puristes de la pure thé).
Le public nombreux qui a rempli le Vortex — que des Blancs, comme les musiciens, ce qui est assez rare à Londres — apprécie autant que moi cette musique pleine de charme et de subtilité, pas racoleuse pour deux sous, juste juste. To ze point, comme disent les Rosbeefs/Hamburgers.
Le claviériste a switché pour le piano électrique sur le morceau suivant, en tempo moyen et toujours chaloupé (ce gaillards doivent faire du bateau à leurs heures perdues, c’est pas possible, par Poseï donc !). Ca swingue grave et la voix de la chanteuse se fond parfaitement dans la pâte sonore car elle est plus un instrument de plus dans le groupe qu’une soliste qui se met en avant, et l’intérêt va donc de la sonorité d’ensemble — à la fois moelleuse et vibrante — au son de chaque soliste qui intervient brièvement — sauf Olivia — parce que le focus n’est pas sur l’exploit individuel (contrairement au néo-hard-bop, par exemple) mais sur la façon de traiter le format chanson dans une optique jazz, ce qui relève parfois de l’exploit mais qui ici coule de source, comme une rivière tantôt calme, tantôt impétueuse qui travers un paysage vallonné. C’est tout simplement beau, voilà tout, et on n’a pas envie que ça s’arrête, et je pense à ceux qui vont aller au taf demain matin dès l’aube (Lord, have mercy !). Ils ne vont pas pouvoir savourer les effets à retardement de cet excellent concert, à moins qu’ils ne trouvent le moyen de cajoler ce souvenir tout en trimant. 
 
Moi, en tout cas, en paisible retraité, je vais m’endormir sur ces notes et me réveiller en fredonnant une de leurs mélodies. C’est sûr : je me connais un peu quand m’aime !
Tiens, là ils vont jouer un thème qui n’est pas d’eux. Ca débute par un batterie en sourdine puis un piano tout en retenue avant que la voix ne surgisse paisiblement puis s’enfle au fur et à mesure que les paroles le demandent.
Les mêmes en loge
On est vraiment dans la beauté, pas dans la joliesse, et à 1000 lieues de la mièvrerie. On n’est pas dans la pop non plus, malgré le format chanson. On est bel et bien dans une vision du jazz qui doit pas mal à Joni Mitchell, un peu à Dianne Reeves aussi et à toute une lignée de vocalistes britanniques : Norma Winstone, June Tabor, Claire Martin, Ian Shaw, Liane Carroll… pas Jamie Cullum, qui est plus pop et plus racoleur.
Le morceau suivant est nouveau et c’est de nouveau le piano électrique qui s’y colle pour l’introduire. C’est encore chaloupé (faut que je trouve un autre terme. Ca y est : ça balance de nouveau en souplesse) et la voix sinue dans les harmonies tandis que le sax fait de petits obbligatos. Bref c’est beau (je C, je me répète. Et alors : ça vous arrive jamais à vous de péter et de re-péter ? — hi !hi !hi ! Qu’il est con ce EMGé ! 
Toujours les mêmes en loge, dont 1 qui fait le zouave
Mais mon métabolisme de fou-furieux a déjà digéré le poulet/riz/piment de tout à l’heure et je me sens tout d’un coup pris d’une étrange faiblesse. Je fonce en loges où m’attendent tranquillement un cachet de vitamines, deux figues de Turquie et une barre protéinée (sans parler d’une bouteille de Laphroaig — je n’ai pas trouvé de Caol Ila dans les deux supermarchés que j’ai honorés de ma clientèlitude — dont j’userai avec maux & rations, de peur d’être saisi d’une envie irrépressible de me pieuter là, sur le sol en béton ciré de la loge).
Et quand je repasse un peu plus tard par la salle de concert du Vortex pour récupérer mon MacBook et une bière qui a à peine tiédi, dans l’optique d’un départ prochain mes oreilles sont à nouveau happées par le son des Wandering Wires.
Foutus jeunes Brits : ils ne laisseront pas dormir un vieillard franchouillard qui a passé une partie de son après-midi à crapahuter dans le London Overground (leur RER) après s’être évidemment gouré avec l’Underground (aka the Tube, leur métro) vu que les deux vont vers le même terminus (typiquement la fourberie de la perfide Albion, si vous voulez mon avis) ! 
 
On n’imagine pas ça chez nous, dans le Sud profond (par rapport à cette île qui n’est même pas foutue de produire du vin buvable et propose au gourmet à peine quelques dizaines de fromages) : à Paris y’a le métro intra et un peu extra-muros, d’une part, « et les keufs et les meufs dans le RER », comme rappaient Les Inconnus, pour la banlieue pas rose & morose.
Donc Le Vortex est situé à Perpète-les-Oies, genre Corbeil & Sons ou Saint Ouen Low Moan. Faut vraiment avoir envie d’écouter de la ziq pour se traîner jusque là-bas, mais le programme est si bon et éclectique (« et-é » C assez laid, je C, mais me faites pas chier à 7 heure du soir, sinon je vais péter 1 câble) que C quasiment toujours plein de jour comme de nuit. 
Et quand le Vortex n'est pas plein, il est (par définition)… vide (mais en instance de pleinitude)
Et à propos de keufs y’en avait tout 1 paquet tout à l’heure dans le square de Gillet Square, qu’on voit des fenêtres du Vortex, sans doute à cause du carnaval local qui avait lieu dehors. Mais là ils se sont fait la malle, alors on va pouvoir sortir en paix, sans croiser les gardiens de la même (paix, évidemment). 
Les cops 2 London Town en pleine action (directe?).
Max Granvil (who else, goddammit?!¿¡)

dimanche 8 septembre 2019

Fiona Ross & band, Café Zédel, Le Crazy Coq's, London W1, 08/09/2019


 
 
Les Britanniques ont clairement un truc avec la voix. Tous genres confondus ! Pensez un peu beaucoup aux Tallis Singers en musique ancienne, à Alfred Deller ou à James Bowman en musique baroque, à Janet Baker ou à Kathleen Ferrier en chant lyrique, à Davey Graham, à Sandy Denny ou à Martin Carthy en folk, à Rod Stewart, Joe Cocker, Tom Jones, Amy Winehouse ou Seal en pop, à Dusty Springfield ou Eric Burdon en blues/soul, à Roger Daltrey, Stevie Winwood, Roger Chapman, 
Marianne Faithfull ou Robert Plant en pop/rock et à Phil Minton, Ian Shaw, Jamie Cullum, Claire Martin ou Norma Winstone en jazz. Une vraie pépinière, sans équivalent en Europe — si tant est que le Royaume-Uni fasse partie du Vieux Continen   
Dame Janet Baker












 

















Dusty S.









James B. (not Bond!)


























Seal













Marianne F.





















Phil M.






















Jamie C.
























Et il y a toujours une nouvelle voix à découvrir sur cette île qui ne produit même pas de vin buvable (chacun sait que l’abus de vin pousse à la chansonnette quand il n’endort pas. Ben la pale ale, c’est pareil, apparemment). Par exemple voici quelques années, la révélation pour moi, ce fut Liane Carroll. Et cette année c’est Fiona Ross.
Liane C.
Je l’ai croisée, elle et deux de ses zicos à un coin de rue où ils attendaient de pouvoir faire leur balance-son au Zédel Café (un café bien français où l’on peut commander un sandwich au saucisson réalisé avec de la vraie baguette croustillante ! Qui dit mieux ?). Je les abordai sans complexes : un critique de jazz est partout chez lui du moment qu’une contrebasse figure dans les quelques mètres carrés qui l’environnent, et c’était le cas. Particularité du groupe de Fiona Ross — qui n’en est pas une en UK — : la moitié de ses musiciens sont Noirs ! Le mélange des races au Royaume-Uni n’a rien à voir avec les frontières qui se dressent en France (genre si tu joues au Baisé Salé, tu joues pas au Sunset/Sunside ni au Duc — et vice et verça et non pas visez vers ça —, pour les Parisiens).
Le band de Fiona Ross, c’est un sextet + choriste : tp/ts/elg/b-elb/dm et si la leadeuse se contente (et nous contente) de chanter durant le premier set, mais j’ai pu entendre, lors de la balance, qu’elle pratiquait le piano de façon plutôt convaincante.
 
Le style ? Varié ! Thèmes up tempo, ballades, groove et swing avec une voix qui porte bien et qui couvre un spectre large en termes de tessiture.
Comme tou(te)s les Anglais(es) habitué(e)s à des conditions de travail que nous, Français, qualifierions de « commerciales », Fiona est une grande communicatrice et elle annonce les titres en mettant le public aussi à l’aise qu’il se peut.
Son band a beau être en partie improvisé (le batteur m’a confié qu’il jouait avec elle pour la première fois), il tourne à plein régime et ne prend pas de prisonniers sur les thèmes enlevés.
Au second set, Fiona s’installe seule au piano et chante un thème de sa plume plein de soul (d’âme je veux dire, pas le style musical). Si la voix sonne un peu criarde dans les aigus, le sens des paroles d’amour et la vigueur des accords qui accompagnent le chant font passer ce défaut mineur en douceur. Suit  un duo avec le guitariste (est-ce qu’elle va faire revenir les musiciens 1 par 1 ? Suspense !), lequel alterne arpèges et accords plaqués selon que la voix enfle ou décroit. Encore une chanson d’amour, et bien sentie elle aussi.
Décidément cette dame est une excellente compositrice et une non moins talentueuse raconteuse d’histoires, sans parler d’une pianiste tout à fait honorable.
Ben non, elle ne fait pas venir les zicos l’un après l’autre : c’est un duo avec le trompettiste qui suit, un hommage à son père décédé qui débute par « I miss you so, but you’ll never know… ». Si vous avez perdu un proche récemment vous pouvez sortir les mouchoirs tandis que la trompette bouchée se lamente cantabile entre les couplets.
Après ces trois ballades, le groupe entier remonte sur scène pour un thème assez funky et gorgé de sève où les deux chanteuses se donnent à fond sur des contrechants de trompette et de ténor. C’est à la fois très léché (professionnel) et très touchant de sincérité et d’engagement physique. Le morceau suivant — pour lequel Fiona se remet au piano — est tout simplement un blues qu’inaugure le trio p/b/dm, avant que la voix ne se lance sur les 12 mesures, rejointe sur les refrains par la choriste. Le guitariste se lance dans un solo qui déchire sa reum (plutôt claptonien que jeffbeckique) et la tension monte, attisée par un batteur qui sait être intelligemment binaire. Et voilà le ténor qui sort de sa boîte pour un chorus parfaitement dans le ton, sinon immortel. Et c’est un court solo de contrebasse qui conclut cette excellente incursion dans le delta… de la Tamise.
 
Le morceau d’après on peut le danser, annonce Fiona, et effectivement ça trépide sur une mélodie très chantante. Mais il et temps pour moi d’aller satisfaire mon estomac qui gargouille et de toute façon j’en ai assez entendu pour vous donner une idée claire de ce que fait (à la main, sans colorants ni additifs chimiques) Miss Fiona Ross, dont le site web s’appelle : www.fionaross.co.uk
(ze ouane & only & yoursse trouli) Max Granvil

samedi 7 septembre 2019

Cours de rattrappage 1 : Zomer Jazz Fiest Tour, Groningen (NL) et environs, 30 & 31/08/2019


Un papier vieux d'une semaine que je n'ai pas eu le tps de mettre en ligne plus vite.
Là je suis à Londres et c'est la galère pour télécharger les images. Je vous livre donc le papier à poil. J'ajouterai les photos à mon retour sur le Continent (comme disent les UK) et à la civilisation.

Le 30/08 au soir
La première soirée du Zomer Jazz Fiest Tour — appelée « Prolog », en Néerlandais, ce qui — vous vous en doutez — veut dire prologue en Français, se déroule en ville, au Vera, le vieux club de Groningen (il a fêté ses 120 ans !). Il n’est donc pas itinérant, contrairement à la foultitude des concerts du lendemain à la cambrousse.
 




Bon, comme souvent ,j’ai raté le premier groupe. Une chanteuse turque et son band, mais ils me fileront leur(s) skeud(s). Pourquoi n’étais-je pas à mon poste dès le début de ce festival ? Ben pasque je tapais la discute (comme d’hab’, diront les mauvaises langues qui, en l’occurrence sont loin d’avoir tort) avec deux femmes anglaises. Une jeune, puis sa mère. Quoi : ¿¡ Notre eMGé fricote avec des rosbives !? Lui le Viking-Africain qui s’enorgueillit d’avoir pour ancêtre Guillaume le Conquérant qui alla outre-Manche apprendre les bonnes manières aux en gros Saxons ? Ben oui : G retourné ma veste face à une gamine anglaise de 23 balais qui est si mature, si intelligente, si cultivée et si sensible que je n’en reviens toujours pas. Et sa reum — qui est médecin généraliste dans le civil et par ailleurs bénévole dans des plans musicos — est sa digne mère. Bravo les UK, si vous êtes capables de produire des meufs de ce tonneau ! Vous ne les méritez certes pas et c’est pas moi qui chercherai à vous les piquer vu que G déjà la femme de ma vie, mais bon : elles existent et on est allés écouter le 2° groupe ensemble et elles se sont éclipsées gentiment quand G empoigné mon MacBook pour assumer les obligations liées à l’invitation de Marcel Roelofs, le directeur de ce festival qui a eu la gentillesse de m’inviter en vieux pote qu’il est (naguère, quand j’étais prof de littérature franchouillarde, je pouvais jamais y aller à cause de cette chierie de « rentrez, scolaires ». Alors maintenant que je suis retraité de l’EdNa et que G retrouvé la patate qui m’a fait défaut pendant deux ans, je V pas me gêner. Tu parles, Charles !
Le groupe NL/Us (Kuhn Fu vs John Dikeman) qui occupe la scène joue une sorte de punk-jazz robuste et couillu mais en même temps raffiné et assez mélodique avec des bribes de free. Ils rejoueront demain en plein air et je crois que je retournerai les checker un brin, histoire de voir/entendre comment ils se démerdent dans un cadre plus bucolique.
Présentement ils chauffent la salle du Vega pleine à craquer tandis que la bière coule à flots (la Jupiler est vendue à la pinte mais pas la Leffe, va savoir pourquoi ! Encore une des aberration du système législatif néerlandais, j’imagine).
Là, G décroché momentanément parce que le batteur s’est lancé dans un solo rock trop bourrin à mes oreilles. Alors je suis sorti prendre  à la fois le frais et ma pipe dans mon sac (parce que je peux faire 2 choses allah fois) histoire d’aller polluer un brin l’air pur et nocturne de Groningen, une superbe petite ville universitaire tout là haut au nord de la Hollande (oui, il y a un nord des Pays-Bas, mais on n’y trouve pas de Ch’tis et la perception de ce nord n’a rien à voir avec la façon dont on voit le Chnord chez nous.
En Hollande, chaque ville a son identité culturelle, architecturale, linguistique et la vie nocturne y est autrement plus palpitante que dans nos bourgades de « province ».
Allez, je retourne dans la fournaise de la salle de concert. On va voir si le batteur s’est un peu calmé et a renoncé à son binaire primaire. Voir, c’est croire, non ?

L’après midi du 31/08
Le 1° concert de l’aprèm’, C 1 quartet avec ce satané Michael Moore (pas le gros cinéaste : le sax/clarinette américain qui vit en Hollande depuis D lustres) mais mené par un bassiste dont j’ignore tout : Bert van Erk. Le style ? A mi-chemin entre le hard bop et la West Coast. Michael M., G chroniqué des piles de C disques. Avec le Clusone Trio, avec ses propres groupes… mais je ne connaissais pas le présent 4tet qui est simplement fabuleux, c’est à dire fabuleux avec simplicité. Les 4 zicos sont totalement sur la même longueur d’onde et là, après un thème du Duke, ils jouent 1 morceau de Miguel Martinez — le 2° altiste du band — qui s’appelle « Cool Calypso » et qui est juste ça : 1 calypso complètement cool sur lequel Michael cite « Cheek 2 Cheek » lors de son solo et sur lequel Miguel joue quelques contrechants bien sentis avant que le bassiste-leader n’entame un chorus suivi de 4X4 avec tout le monde.
Michael Moore, on le retrouve au sein de Hi There, the Music of Sean Bergin, un band formé spécialement pour rendre hommage au défunt saxophoniste sud-africain qui vécut en Hollande pendant quelques décennies. A sein de 7 orchestre on peut entendre, outre ce foutu Américain, qui – comme tous ses compatriotes — occupe quasi tout l’espace vital du pays d’Europe où il a choisi de s’établir (je rigole, bien sûr : il n’y a pas plus doux que Mr. M.M.), Eric Boeren au cornet, Wolter Wierbos au trombone, Leo Bouwmester au piano et Jacko Schoenderwoerd à la basse (dont j’ignore tout — mais pas pour longtemps) et Victor de Boo au drums, soit la fine fleur du jazz des Pays-Bas. Les compos de Bergin qu’ils revivifient vont de la fanfare fanfaronnante à la jolie mélodie en passant par des excursions free des plus délectables et des thèmes dansants d’origine sud-africaine.
Pour le concert suivant, j’avais un problème : la distance. 9 kms de l’endroit où je me trouvais jusqu’à l’église de village où la pianiste grecque Tania Giannouli et son trio atypique devaient jouer. J’ai pédalé péniblement pendant environ 3 kms, puis l’évidence m’est apparue : mon genou flingué n’allait pas me permettre d’aller plus loin.
J’ai donc garé la foutue bécane contre un poteau et je me suis mis à faire du stop sans le moindre succès — d’ailleurs la plupart des voitures roulaient dans l’autre sens.
Puis j’ai eu l’idée d’appeler les chauffeurs du festival : tous étaient sur répondeur ! Finalement je me suis résolu à faire appel au QG du festival où on m’a aussitôt dit qu’une personne viendrait me chercher dès que son emploi du temps le permettrait. Elle est bel et bien venue au bout d’1/4 d’h, mais bien qu’elle ait accepté de conduire plus vite à ma demande, nous sommes arrivés devant l’église de Oldevode au moment où le public commençait à en sortir.
J’étais furieux et frustré et j’allai exprimer cela à Tania et à ses deux zicos (trompette : Andreas Polyzogopoulos,  oud : Kyriakos Tapakis).
Elle : Tu n’as donc pas entendu une seule note de notre concert ?
Moi : Non, putain ! Pas une note et je pourrais tuer les connards qui ne m’ont pas pris en stop, et je maudis mon foutu genou flingué : à cause de lui je n’ai pas pu pédaler jusqu’à cette saloperie d’église à 9 kms de là où j’étais !
Elle (toute calme, s’adressant à ses musiciens) : Allez, on lui joue un morceau de plus…
Et ces trois salopards de musiciens étrangers m’ont donné 1 putain de concert privé qui m’a fait sangloter comme un veau d’émotion du cadeau que je recevais d’eux, de la frustration accumulée annulée par ce don, et de la beauté de leur ziq. D’ailleurs Kyriakos le oudiste m’a dit après que c’était le meilleur morceau qu’ils avaient joué 7 aprèm.
Au début G 1 peu pensé que leur musique sonnait ECM mais G vite été détrompé par la vigueur du toucher de Tania et la puissance d’émission d’Andreas dans le cadre d’une mélodie modale que la trompette entonnait de façon à la fois tendre et claironnante tandis que l’oud de Kyriakos égrenait des arpèges cristallins.
Et en écrivant C lignes G de nouveau les yeux qui me piquent et les foutues larmes de bonheur qui coulent sur mes joues mal rasées.
Je ne crois pas en dieu. Je suis fondamentalement spinoziste. Pourtant ce « porco dio » — comme disent les Ritals — auquel je ne crois pas m’a quand m’aime à la bonne : un concert privé, bordel ! C quand même pas rien. Et un concert privé qui te fait chialer, c’est encore plus mieux, non ?

La soirée du 31/08
Après ça, on est retournés au QG où nous attendait un délicieux chili con carnet (de route ou de bal, je C pas) et du fromage hollandais accompagné de vin… hollandais ! Oui, vous avez bien lu : avec le réchauffement climatique, les gens du Nord (UK, NL) se sont mis dans la tête de produire un vin piteusement médiocre (une sorte de sous-pinot noir si mes papilles ne m’ont pas trompé) dont ils ne sont même pas vraiment fiers.
Alors passons. Parce qu’entre-temps C pas du vin mais de la flotte qu’on s’est pris sur la tronche, et il fallait encore faire quelques dizaines de mètres à pied sous la pluie pour se rendre à la tente sous laquelle avait lieu le dernier concert, en passant près d’un splendide moulin avant.
Ce dernier concert ? De l’afro-beat pur jus avec Omar Ka au chant, ce qui m’a fait ressortir mes baguettes histoire de semer la folie dans cette musique Djà bien barrée.
Ca a marché un temps et, quand je me suis approché de la scène, le bassiste m’a fait signe de jouer moins fort (évidemment, je n’avais pas de baffles de retour, moi — contrairement à eux — donc je ne me rendais pas compte que je jouais trop fort).
Puis une des bénévoles du festival  est venue me demander d’arrêter sous prétexte que mon jeu gênait certaines personnes parmi le public.
Ces Hollandais ont payé pour danser sur la musique de DJ Shouting et ils ne veulent pas qu’un zigomar non prévu au programme vienne mettre un peu de crème chantilly sur le gâteau qu’ils ont choisi de consommer. OK : je m’incline volontiers. De toute façon si je ne joue plus je commence à prendre conscience que j’ai sommeil, et demain le train du retour part assez tôt. Alors, « vienne la nuit, sonne l’heure… » (Guillaume Appolinaire).
Max Granvil

dimanche 1 septembre 2019

Le MegaOctet d'Andy Emler + guests aux RDV de L'Erdre @ Nantes

 Line up : my main man Andy Emler (comp, arr, dir, p), my main man Laurent Blondiau (tp, flh), my main man Laurent Dehors (s, cl, cornemuse), my main men Guillaume Orti & Philippe Sellam (as), my main man François Thuillier (tu), my main man Claude Tchamitchian (b), my main man Eric Echampard (dm), my main man François Verly (perc) + my main man Thomas de Pourquery (as, voc), my main man Médéric Collignon (ct, voc), my main man Nguyên Lê (elg) + le public comblé.
Nantes, scène nautique, 01/09/2019.

A qui fera-t-on croire que le MegOctet a 30 balais ? Je connais ces mecs quasi depuis leurs débuts et ils n’ont pas bougé d’1 iota question jeunesse.
Je C, ils ont une bonne crème de jour, mais quand même : une telle juvénilité, ça ne s’explique pas que par des cosse mes tics !
 
En fait, la 1° fois que je les ai vus/entendus, c’était à Jarny (Meurthe & Moselle), voici 27 ans puisque c’est l’âge de ma petitoune, que j'avais renoncé à amener au concert de peur que ce ne fusse un brin bruyant pour ses petites zoreilles.
Quelques mois plus tard, je l’ai emmenée au concert de Michel Petrucciani à l’Arsenal de Metz, et elle était la seule spectatrice plus petite que ce jeune vieux Michel — et la seule qui a dormi dans son kangourou pendant tout le gig. 
C pas moi la meuf sur la photo, ni ma gosse: juste 1 exemple!
 Mais revenons au MegaOctet : ces neuf petits salopards ont débuté le concert en déboulant tranquillement des coulisses, chacun d’un côté, en chantant a capella une sorte d’hymne polyphonique pygmée qui m’a cloué sur place. « Putain ! — m’écriai-je en mon fort intérieur (je C : c’est « for » et non « fort », mais moi G envie de rajouter 1 « T » parce que mon for intérieur est vachement balèze) — C’est un truc de ce style qu’il faut que je chante à ma môme quand elle a besoin d’être calmée ! ». Et C ainsi que G inventé « Dong-eu-dong », la chanson qui rassure.
 
Après ça les 9 salopards du M-O (MegaOcter, C trop long à taper) ont pris chacun ses plus beaux atours de rôle et leurs binious par la m'aime occaz, et le concert a été une furie douce et/ou furieuse, comme d’hab’.
Alors les mêmes — pluche ou moinsse — 30 ans après à Nantes Ô borde l’eau, dans le cadre passablement à quoi tique des RDV de l’Erdre ? Ben C toujours aussi beau, brillant, tendre, inventif, émouvant, décoiffant, couillu… et Jean Pass (le petit frère de Joe Pass) Ed est meilleur.
Giuseppe Passalacqua aka Joe Pass (Jean P. est caché derrière la gratte, ed aussi)
Le truc d’Andy, c’est de réserver à ses zicos un seul solo durant le concert. Neuf morceaux = neuf solos tout neufs !
Alors le gars qui doit attendre des plombes avant d’envoyer la purée est chaud bouillant quand C son tour, et il n’a pas intérêt à faire le con pendant son chorus, et C assez génial!
La purée (pas encore en voie, Yeah!)
Au lieu de l’enfilade de solos mous du genou ou furibards à laquelle nous ont habitué des gens dont ma pudeur naturelle m’interdit de révéler les noms dans l’espace public (mais en privé je veux bien les donner contre une somme modique — je n’accepte pas la carte bleue) on a droit à du concentré de mélodie soutenu par des harmonies magnifiques et des rythmes coruscants (n'oubliez JAMAIS — sinon gare à vous — que le M-O dispose d'1 batteur + d'1 percussionniste). 
Mais ce qui change au cours de ce concert-anniversaire, c’est qu’Andy a invité ses anciens sidemen-copains (ceux avec qui on partage le pain) à un festin festif où ces ex-compagnons de roots sont des invités (je me répète sciemment et consciemment) reçus par leur(s) hôte(s).
C’est à dire qu’ils apportent qui une bouteille de Caol Ila, qui un reblochon fermier, qui des nems faits maison, qui une panna cotta ou une crème renversée à tomber allah renverse.
  
 
Ils reçoivent l’accueil du MegaOctet et lui apportent en échange leur vin de pays et/ou leur chapon fermier, leur lyrisme et/ou leur folie vocale et instrumentale — je parle ici de Médo (Médéric Collignon) et de Tommy 2 Pourqueras (Thomas de Pourquery) — ou leur zenitude guitaristique (je parle ici de Nguyên Lê, tout simplement parce que Nguyên l’est !).
Médo (ce qu'il fait dans mon dos ne vous regarde pas)





T2P rit ou sourit (en l'occurrence)

Beau, Nguyên l'est! (et ceux qui disent Nguyên Laid sont de sales menteurs)

















Et le morceau final ressemble davantage au banquet de Platon qu’à la Cène christique parce que ces hommes ne sont pas dans la souffrance ou le dolorisme catho. 
Au contraire, il sont dans le partage et la joie virile des Grecs anciens, des Pygmées, des Egyptiens, des Gitans (Gypsies en anglais — ce qui nous renvoie à la Petite Egypte), des Masaï, des cowboys dans les plaines du Far West quand vient la nuit (comme le chantait Ivo Livi, aka Yves Montand) et des gauchos dans la pampa argentine, ou de toutes les tribus ancestrales que vous pouvez imaginer.
Ivo, tu m'entends? Non, T trop occupé avec T 2 meufs!
J’ai oublié de vous dire que le son du M-O s’appelle Vincent Mahey (ah mais !) et que C lui qui sculpte à la main ce son dans la masse sonore (té, peuchère, cong !) depuis des lustres.
20-100
















Ma haie















G aussi omis de vous apprendre que je hais ces zicos parce qu’avec eux je ne PEUX pas faire mon boulot de CRITIQUE de jâââze.
Essayez donc un peu de les critiquer, vous, juste poor voir ! Pas moyen ! No fuckin’ way ! (en UK/US). Le pauvre journaliste que je suis (mais non, je ne suis personne : je ne suis pas un suiveur !) est pieds et points et virgules lié à la scène et n’a d’autre choix que de distiller des louanges laudatrices.
Là non plus C pas moi: je ne me vernis pas (plus?) les ongles des norteils!
Ca me fait penser aux « Chats » de Baudelaire : « …L’Erèbe (l’Enfer) les eût pris pour ses coursiers funèbres s’ils pouvaient au servage incliner leur fierté… Ils prennent en songeant les nobles attitudes des grands Sphynx allongés au fond des solitudes… ».
 
Ces pauvres chats ne peuvent pas se rendre actifs (coursiers) en tant qu'esclaves de l’Enfer. Par contre ils peuvent se prendre — tout petits qu’ils sont — pour des grands Sphynx passifs (allongés).
Eh ben moi C pareil : je ne peux pas critiquer (actif) le M-O. Par contre je peux me prendre pour le laudateur (passif, mais pas temps xa) de leur musique, qu'elle est hachement belle. Et ce, à donf’ !
Parce que le MegaOctet d’Andy aime l’air. L’air pur des montagnes et des bords de Loire et tous les airs (arie — pluriel d'aria —en Rital), de Monteverdi à Weather Report en passant par Maria Callas, Scarlatti et Ornette, Haydn et Puccini, Ludwig van B. et Purcell… et Chet erra.
Giuseppe monte & verdit
Beth Shaker






































C’est bon ? Vous avez compris le Prince Hip ? Je peux donc arrêter de tapoter le clavier de mon MacBook et aller profiter d’1 repos bien mérité avec mes potes du MegaOctet.
Et soyez en sûr, ce ne sera pas 1 repos de tout repos car ils vont être plutôt remontés à bloc au sortir de scène au bord de la Loire.
Mais la petite teuf qu’on va faire avec ce qui reste de fromage, de sauciflard et de pinard (putain : ça rime !) backstage — à moinsse qu'on n'aïl au restal (singulier de resto) — vous n’en saurez rien.
Car après tout vous n’êtes QUE mes fidèles lecteurs, ce qui ne vous donne pas droit à TOUT, hein?!
Max Granvil (est nul, par ailleurs, & nul, pas railleur, & nulle part ailleurs)
PS: J'arrive pas à charger les photos de la teuf prises avec mon smartphone. Je V bien trouver 1 moyen de vous les faire péter (oui, oui: les photos vous y avez droit, pas le récit), mais + tard .