Un papier vieux d'une semaine que je n'ai pas eu le tps de mettre en ligne plus vite.
Là je suis à Londres et c'est la galère pour télécharger les images. Je vous livre donc le papier à poil. J'ajouterai les photos à mon retour sur le Continent (comme disent les UK) et à la civilisation.
Le
30/08 au soir
La
première soirée du Zomer Jazz Fiest Tour — appelée « Prolog », en
Néerlandais, ce qui — vous vous en doutez — veut dire prologue en Français, se
déroule en ville, au Vera, le vieux club de Groningen (il a fêté ses 120
ans !). Il n’est donc pas itinérant, contrairement à la foultitude des
concerts du lendemain à la cambrousse.
Bon,
comme souvent ,j’ai raté le premier groupe. Une chanteuse turque et son band,
mais ils me fileront leur(s) skeud(s). Pourquoi n’étais-je pas à mon poste dès
le début de ce festival ? Ben pasque je tapais la discute (comme d’hab’,
diront les mauvaises langues qui, en l’occurrence sont loin d’avoir tort) avec
deux femmes anglaises. Une jeune, puis sa mère. Quoi : ¿¡ Notre eMGé
fricote avec des rosbives !? Lui le Viking-Africain qui s’enorgueillit
d’avoir pour ancêtre Guillaume le Conquérant qui alla outre-Manche apprendre
les bonnes manières aux en gros Saxons ? Ben oui : G retourné ma
veste face à une gamine anglaise de 23 balais qui est si mature, si
intelligente, si cultivée et si sensible que je n’en reviens toujours pas. Et
sa reum — qui est médecin généraliste dans le civil et par ailleurs bénévole
dans des plans musicos — est sa digne mère. Bravo les UK, si vous êtes capables
de produire des meufs de ce tonneau ! Vous ne les méritez certes pas et
c’est pas moi qui chercherai à vous les piquer vu que G déjà la femme de ma
vie, mais bon : elles existent et on est allés écouter le 2° groupe
ensemble et elles se sont éclipsées gentiment quand G empoigné mon MacBook pour
assumer les obligations liées à l’invitation de Marcel Roelofs, le directeur de
ce festival qui a eu la gentillesse de m’inviter en vieux pote qu’il est (naguère,
quand j’étais prof de littérature franchouillarde, je pouvais jamais y aller à
cause de cette chierie de « rentrez, scolaires ». Alors maintenant
que je suis retraité de l’EdNa et que G retrouvé la patate qui m’a fait défaut
pendant deux ans, je V pas me gêner. Tu parles, Charles !
Le
groupe NL/Us (Kuhn Fu vs John Dikeman) qui occupe la scène joue une sorte de
punk-jazz robuste et couillu mais en même temps raffiné et assez mélodique avec
des bribes de free. Ils rejoueront demain en plein air et je crois que je
retournerai les checker un brin, histoire de voir/entendre comment ils se
démerdent dans un cadre plus bucolique.
Présentement
ils chauffent la salle du Vega pleine à craquer tandis que la bière coule à
flots (la Jupiler est vendue à la pinte mais pas la Leffe, va savoir
pourquoi ! Encore une des aberration du système législatif néerlandais,
j’imagine).
Là,
G décroché momentanément parce que le batteur s’est lancé dans un solo rock
trop bourrin à mes oreilles. Alors je suis sorti prendre à la fois le frais et ma pipe dans mon sac (parce
que je peux faire 2 choses allah fois) histoire d’aller polluer un brin l’air
pur et nocturne de Groningen, une superbe petite ville universitaire tout là
haut au nord de la Hollande (oui, il y a un nord des Pays-Bas, mais on n’y
trouve pas de Ch’tis et la perception de ce nord n’a rien à voir avec la façon
dont on voit le Chnord chez nous.
En
Hollande, chaque ville a son identité culturelle, architecturale, linguistique
et la vie nocturne y est autrement plus palpitante que dans nos bourgades de
« province ».
Allez,
je retourne dans la fournaise de la salle de concert. On va voir si le batteur
s’est un peu calmé et a renoncé à son binaire primaire. Voir, c’est croire,
non ?
L’après
midi du 31/08
Le
1° concert de l’aprèm’, C 1 quartet avec ce satané Michael Moore (pas le gros
cinéaste : le sax/clarinette américain qui vit en Hollande depuis D
lustres) mais mené par un bassiste dont j’ignore tout : Bert van Erk. Le
style ? A mi-chemin entre le hard bop et la West Coast. Michael M., G
chroniqué des piles de C disques. Avec le Clusone Trio, avec ses propres
groupes… mais je ne connaissais pas le présent 4tet qui est simplement fabuleux,
c’est à dire fabuleux avec simplicité. Les 4 zicos sont totalement sur la même
longueur d’onde et là, après un thème du Duke, ils jouent 1 morceau de Miguel
Martinez — le 2° altiste du band — qui s’appelle « Cool Calypso » et
qui est juste ça : 1 calypso complètement cool sur lequel Michael cite
« Cheek 2 Cheek » lors de son solo et sur lequel Miguel joue quelques
contrechants bien sentis avant que le bassiste-leader n’entame un chorus suivi
de 4X4 avec tout le monde.
Michael
Moore, on le retrouve au sein de Hi There, the Music of Sean Bergin, un band
formé spécialement pour rendre hommage au défunt saxophoniste sud-africain qui
vécut en Hollande pendant quelques décennies. A sein de 7 orchestre on peut
entendre, outre ce foutu Américain, qui – comme tous ses compatriotes — occupe
quasi tout l’espace vital du pays d’Europe où il a choisi de s’établir (je
rigole, bien sûr : il n’y a pas plus doux que Mr. M.M.), Eric Boeren au
cornet, Wolter Wierbos au trombone, Leo Bouwmester au piano et Jacko
Schoenderwoerd à la basse (dont j’ignore tout — mais pas pour longtemps) et
Victor de Boo au drums, soit la fine fleur du jazz des Pays-Bas. Les compos de
Bergin qu’ils revivifient vont de la fanfare fanfaronnante à la jolie mélodie
en passant par des excursions free des plus délectables et des thèmes dansants
d’origine sud-africaine.
Pour
le concert suivant, j’avais un problème : la distance. 9 kms de l’endroit
où je me trouvais jusqu’à l’église de village où la pianiste grecque Tania Giannouli
et son trio atypique devaient jouer. J’ai pédalé péniblement pendant environ 3
kms, puis l’évidence m’est apparue : mon genou flingué n’allait pas me
permettre d’aller plus loin.
J’ai
donc garé la foutue bécane contre un poteau et je me suis mis à faire du stop sans
le moindre succès — d’ailleurs la plupart des voitures roulaient dans l’autre
sens.
Puis
j’ai eu l’idée d’appeler les chauffeurs du festival : tous étaient sur
répondeur ! Finalement je me suis résolu à faire appel au QG du festival
où on m’a aussitôt dit qu’une personne viendrait me chercher dès que son emploi
du temps le permettrait. Elle est bel et bien venue au bout d’1/4 d’h, mais
bien qu’elle ait accepté de conduire plus vite à ma demande, nous sommes
arrivés devant l’église de Oldevode au moment où le public commençait à en
sortir.
J’étais
furieux et frustré et j’allai exprimer cela à Tania et à ses deux zicos
(trompette : Andreas Polyzogopoulos,
oud : Kyriakos Tapakis).
Elle :
Tu n’as donc pas entendu une seule note de notre concert ?
Moi :
Non, putain ! Pas une note et je pourrais tuer les connards qui ne m’ont
pas pris en stop, et je maudis mon foutu genou flingué : à cause de lui je
n’ai pas pu pédaler jusqu’à cette saloperie d’église à 9 kms de là où
j’étais !
Elle
(toute calme, s’adressant à ses musiciens) : Allez, on lui joue un morceau
de plus…
Et
ces trois salopards de musiciens étrangers m’ont donné 1 putain de concert
privé qui m’a fait sangloter comme un veau d’émotion du cadeau que je recevais
d’eux, de la frustration accumulée annulée par ce don, et de la beauté de leur
ziq. D’ailleurs Kyriakos le oudiste m’a dit après que c’était le meilleur
morceau qu’ils avaient joué 7 aprèm.
Au
début G 1 peu pensé que leur musique sonnait ECM mais G vite été détrompé par
la vigueur du toucher de Tania et la puissance d’émission d’Andreas dans le
cadre d’une mélodie modale que la trompette entonnait de façon à la fois tendre
et claironnante tandis que l’oud de Kyriakos égrenait des arpèges cristallins.
Et
en écrivant C lignes G de nouveau les yeux qui me piquent et les foutues larmes
de bonheur qui coulent sur mes joues mal rasées.
Je
ne crois pas en dieu. Je suis fondamentalement spinoziste. Pourtant ce
« porco dio » — comme disent les Ritals — auquel je ne crois pas m’a
quand m’aime à la bonne : un concert privé, bordel ! C quand même pas
rien. Et un concert privé qui te fait chialer, c’est encore plus mieux,
non ?
La
soirée du 31/08
Après
ça, on est retournés au QG où nous attendait un délicieux chili con carnet (de
route ou de bal, je C pas) et du fromage hollandais accompagné de vin…
hollandais ! Oui, vous avez bien lu : avec le réchauffement
climatique, les gens du Nord (UK, NL) se sont mis dans la tête de produire un
vin piteusement médiocre (une sorte de sous-pinot noir si mes papilles ne m’ont
pas trompé) dont ils ne sont même pas vraiment fiers.
Alors
passons. Parce qu’entre-temps C pas du vin mais de la flotte qu’on s’est pris
sur la tronche, et il fallait encore faire quelques dizaines de mètres à pied sous
la pluie pour se rendre à la tente sous laquelle avait lieu le dernier concert,
en passant près d’un splendide moulin avant.
Ce
dernier concert ? De l’afro-beat pur jus avec Omar Ka au chant, ce qui m’a
fait ressortir mes baguettes histoire de semer la folie dans cette musique Djà
bien barrée.
Ca a
marché un temps et, quand je me suis approché de la scène, le bassiste m’a fait
signe de jouer moins fort (évidemment, je n’avais pas de baffles de retour, moi
— contrairement à eux — donc je ne me rendais pas compte que je jouais trop
fort).
Puis
une des bénévoles du festival est venue me
demander d’arrêter sous prétexte que mon jeu gênait certaines personnes parmi
le public.
Ces
Hollandais ont payé pour danser sur la musique de DJ Shouting et ils ne veulent
pas qu’un zigomar non prévu au programme vienne mettre un peu de crème
chantilly sur le gâteau qu’ils ont choisi de consommer. OK : je m’incline
volontiers. De toute façon si je ne joue plus je commence à prendre conscience
que j’ai sommeil, et demain le train du retour part assez tôt. Alors, « vienne
la nuit, sonne l’heure… » (Guillaume Appolinaire).
Max
Granvil
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