samedi 7 septembre 2019

Cours de rattrappage 1 : Zomer Jazz Fiest Tour, Groningen (NL) et environs, 30 & 31/08/2019


Un papier vieux d'une semaine que je n'ai pas eu le tps de mettre en ligne plus vite.
Là je suis à Londres et c'est la galère pour télécharger les images. Je vous livre donc le papier à poil. J'ajouterai les photos à mon retour sur le Continent (comme disent les UK) et à la civilisation.

Le 30/08 au soir
La première soirée du Zomer Jazz Fiest Tour — appelée « Prolog », en Néerlandais, ce qui — vous vous en doutez — veut dire prologue en Français, se déroule en ville, au Vera, le vieux club de Groningen (il a fêté ses 120 ans !). Il n’est donc pas itinérant, contrairement à la foultitude des concerts du lendemain à la cambrousse.
 




Bon, comme souvent ,j’ai raté le premier groupe. Une chanteuse turque et son band, mais ils me fileront leur(s) skeud(s). Pourquoi n’étais-je pas à mon poste dès le début de ce festival ? Ben pasque je tapais la discute (comme d’hab’, diront les mauvaises langues qui, en l’occurrence sont loin d’avoir tort) avec deux femmes anglaises. Une jeune, puis sa mère. Quoi : ¿¡ Notre eMGé fricote avec des rosbives !? Lui le Viking-Africain qui s’enorgueillit d’avoir pour ancêtre Guillaume le Conquérant qui alla outre-Manche apprendre les bonnes manières aux en gros Saxons ? Ben oui : G retourné ma veste face à une gamine anglaise de 23 balais qui est si mature, si intelligente, si cultivée et si sensible que je n’en reviens toujours pas. Et sa reum — qui est médecin généraliste dans le civil et par ailleurs bénévole dans des plans musicos — est sa digne mère. Bravo les UK, si vous êtes capables de produire des meufs de ce tonneau ! Vous ne les méritez certes pas et c’est pas moi qui chercherai à vous les piquer vu que G déjà la femme de ma vie, mais bon : elles existent et on est allés écouter le 2° groupe ensemble et elles se sont éclipsées gentiment quand G empoigné mon MacBook pour assumer les obligations liées à l’invitation de Marcel Roelofs, le directeur de ce festival qui a eu la gentillesse de m’inviter en vieux pote qu’il est (naguère, quand j’étais prof de littérature franchouillarde, je pouvais jamais y aller à cause de cette chierie de « rentrez, scolaires ». Alors maintenant que je suis retraité de l’EdNa et que G retrouvé la patate qui m’a fait défaut pendant deux ans, je V pas me gêner. Tu parles, Charles !
Le groupe NL/Us (Kuhn Fu vs John Dikeman) qui occupe la scène joue une sorte de punk-jazz robuste et couillu mais en même temps raffiné et assez mélodique avec des bribes de free. Ils rejoueront demain en plein air et je crois que je retournerai les checker un brin, histoire de voir/entendre comment ils se démerdent dans un cadre plus bucolique.
Présentement ils chauffent la salle du Vega pleine à craquer tandis que la bière coule à flots (la Jupiler est vendue à la pinte mais pas la Leffe, va savoir pourquoi ! Encore une des aberration du système législatif néerlandais, j’imagine).
Là, G décroché momentanément parce que le batteur s’est lancé dans un solo rock trop bourrin à mes oreilles. Alors je suis sorti prendre  à la fois le frais et ma pipe dans mon sac (parce que je peux faire 2 choses allah fois) histoire d’aller polluer un brin l’air pur et nocturne de Groningen, une superbe petite ville universitaire tout là haut au nord de la Hollande (oui, il y a un nord des Pays-Bas, mais on n’y trouve pas de Ch’tis et la perception de ce nord n’a rien à voir avec la façon dont on voit le Chnord chez nous.
En Hollande, chaque ville a son identité culturelle, architecturale, linguistique et la vie nocturne y est autrement plus palpitante que dans nos bourgades de « province ».
Allez, je retourne dans la fournaise de la salle de concert. On va voir si le batteur s’est un peu calmé et a renoncé à son binaire primaire. Voir, c’est croire, non ?

L’après midi du 31/08
Le 1° concert de l’aprèm’, C 1 quartet avec ce satané Michael Moore (pas le gros cinéaste : le sax/clarinette américain qui vit en Hollande depuis D lustres) mais mené par un bassiste dont j’ignore tout : Bert van Erk. Le style ? A mi-chemin entre le hard bop et la West Coast. Michael M., G chroniqué des piles de C disques. Avec le Clusone Trio, avec ses propres groupes… mais je ne connaissais pas le présent 4tet qui est simplement fabuleux, c’est à dire fabuleux avec simplicité. Les 4 zicos sont totalement sur la même longueur d’onde et là, après un thème du Duke, ils jouent 1 morceau de Miguel Martinez — le 2° altiste du band — qui s’appelle « Cool Calypso » et qui est juste ça : 1 calypso complètement cool sur lequel Michael cite « Cheek 2 Cheek » lors de son solo et sur lequel Miguel joue quelques contrechants bien sentis avant que le bassiste-leader n’entame un chorus suivi de 4X4 avec tout le monde.
Michael Moore, on le retrouve au sein de Hi There, the Music of Sean Bergin, un band formé spécialement pour rendre hommage au défunt saxophoniste sud-africain qui vécut en Hollande pendant quelques décennies. A sein de 7 orchestre on peut entendre, outre ce foutu Américain, qui – comme tous ses compatriotes — occupe quasi tout l’espace vital du pays d’Europe où il a choisi de s’établir (je rigole, bien sûr : il n’y a pas plus doux que Mr. M.M.), Eric Boeren au cornet, Wolter Wierbos au trombone, Leo Bouwmester au piano et Jacko Schoenderwoerd à la basse (dont j’ignore tout — mais pas pour longtemps) et Victor de Boo au drums, soit la fine fleur du jazz des Pays-Bas. Les compos de Bergin qu’ils revivifient vont de la fanfare fanfaronnante à la jolie mélodie en passant par des excursions free des plus délectables et des thèmes dansants d’origine sud-africaine.
Pour le concert suivant, j’avais un problème : la distance. 9 kms de l’endroit où je me trouvais jusqu’à l’église de village où la pianiste grecque Tania Giannouli et son trio atypique devaient jouer. J’ai pédalé péniblement pendant environ 3 kms, puis l’évidence m’est apparue : mon genou flingué n’allait pas me permettre d’aller plus loin.
J’ai donc garé la foutue bécane contre un poteau et je me suis mis à faire du stop sans le moindre succès — d’ailleurs la plupart des voitures roulaient dans l’autre sens.
Puis j’ai eu l’idée d’appeler les chauffeurs du festival : tous étaient sur répondeur ! Finalement je me suis résolu à faire appel au QG du festival où on m’a aussitôt dit qu’une personne viendrait me chercher dès que son emploi du temps le permettrait. Elle est bel et bien venue au bout d’1/4 d’h, mais bien qu’elle ait accepté de conduire plus vite à ma demande, nous sommes arrivés devant l’église de Oldevode au moment où le public commençait à en sortir.
J’étais furieux et frustré et j’allai exprimer cela à Tania et à ses deux zicos (trompette : Andreas Polyzogopoulos,  oud : Kyriakos Tapakis).
Elle : Tu n’as donc pas entendu une seule note de notre concert ?
Moi : Non, putain ! Pas une note et je pourrais tuer les connards qui ne m’ont pas pris en stop, et je maudis mon foutu genou flingué : à cause de lui je n’ai pas pu pédaler jusqu’à cette saloperie d’église à 9 kms de là où j’étais !
Elle (toute calme, s’adressant à ses musiciens) : Allez, on lui joue un morceau de plus…
Et ces trois salopards de musiciens étrangers m’ont donné 1 putain de concert privé qui m’a fait sangloter comme un veau d’émotion du cadeau que je recevais d’eux, de la frustration accumulée annulée par ce don, et de la beauté de leur ziq. D’ailleurs Kyriakos le oudiste m’a dit après que c’était le meilleur morceau qu’ils avaient joué 7 aprèm.
Au début G 1 peu pensé que leur musique sonnait ECM mais G vite été détrompé par la vigueur du toucher de Tania et la puissance d’émission d’Andreas dans le cadre d’une mélodie modale que la trompette entonnait de façon à la fois tendre et claironnante tandis que l’oud de Kyriakos égrenait des arpèges cristallins.
Et en écrivant C lignes G de nouveau les yeux qui me piquent et les foutues larmes de bonheur qui coulent sur mes joues mal rasées.
Je ne crois pas en dieu. Je suis fondamentalement spinoziste. Pourtant ce « porco dio » — comme disent les Ritals — auquel je ne crois pas m’a quand m’aime à la bonne : un concert privé, bordel ! C quand même pas rien. Et un concert privé qui te fait chialer, c’est encore plus mieux, non ?

La soirée du 31/08
Après ça, on est retournés au QG où nous attendait un délicieux chili con carnet (de route ou de bal, je C pas) et du fromage hollandais accompagné de vin… hollandais ! Oui, vous avez bien lu : avec le réchauffement climatique, les gens du Nord (UK, NL) se sont mis dans la tête de produire un vin piteusement médiocre (une sorte de sous-pinot noir si mes papilles ne m’ont pas trompé) dont ils ne sont même pas vraiment fiers.
Alors passons. Parce qu’entre-temps C pas du vin mais de la flotte qu’on s’est pris sur la tronche, et il fallait encore faire quelques dizaines de mètres à pied sous la pluie pour se rendre à la tente sous laquelle avait lieu le dernier concert, en passant près d’un splendide moulin avant.
Ce dernier concert ? De l’afro-beat pur jus avec Omar Ka au chant, ce qui m’a fait ressortir mes baguettes histoire de semer la folie dans cette musique Djà bien barrée.
Ca a marché un temps et, quand je me suis approché de la scène, le bassiste m’a fait signe de jouer moins fort (évidemment, je n’avais pas de baffles de retour, moi — contrairement à eux — donc je ne me rendais pas compte que je jouais trop fort).
Puis une des bénévoles du festival  est venue me demander d’arrêter sous prétexte que mon jeu gênait certaines personnes parmi le public.
Ces Hollandais ont payé pour danser sur la musique de DJ Shouting et ils ne veulent pas qu’un zigomar non prévu au programme vienne mettre un peu de crème chantilly sur le gâteau qu’ils ont choisi de consommer. OK : je m’incline volontiers. De toute façon si je ne joue plus je commence à prendre conscience que j’ai sommeil, et demain le train du retour part assez tôt. Alors, « vienne la nuit, sonne l’heure… » (Guillaume Appolinaire).
Max Granvil

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire