Encore une voix : décidément c’est ma semaine de chance
au Royaume-Uni ! Ce soir c’est Olivia Williams et ses hommes — soit The
Wandering Wires, pour les intimes.
Sa
voix est beaucoup plus douce que celle de Fiona Ross hier soir au centre ville
et le groupe commence par une ballade gentiment chaloupée. Ces jeunes
Britanniques (qui ne sortent pas d’une école de jâââze, me sussurre Ollie ze
boss of ze Vortex) ont clairement le sens de la mélodie — et ce n’est pas le
responsable du très joli solo de piano qui me contredira.
Y’en
a qui penseront que cette musique douce et punchy à la fois n’a pas vraiment sa
place au Vortex. Ils se gourent totalement ! L’image qu’on a souvent, en
France, de ce club du nord-est de Londres est que c’est un repaire de free
freaks fous furieux. Rien n’est plus faux : au Vortex toutes les musiques
ont droit de cité et pas plus tard qu’avant-hier c’étaient des Africains qui
tenaient la scène et leurs cousins & voisins vont revenir cinq fois
jusqu’en octobre pour un festival de musique afrrrricaine (prrrésentement, là
dis donc) — le 17° —, et dans quelques semaines my main man Evan Parker reviendra, comme il le fait tous les mois
depuis des années (par accord avec Oliver Weindling, le patron des lieux, Evan
prend la salle et Ollie le bar et tant que ça marche, ça marche !).
Là Olivia — qui présente les musiciens et les morceaux (des originaux) — a invité le sax alto à se joindre au quartet voc/p/elb/dm et c’est de nouveau une jolie ballade qu’ils jouent et on la goûte avec la même gourmandise que la précédente car les 5 mecs/meuf qui occupent la scène nous servent de la beauté pure (si tant est que la pureté existe dans ce bas monde, évidemment ! — là je réponds par avance à l’objection que j’attendais de la part de puristes de la pure thé).
Le
public nombreux qui a rempli le Vortex — que des Blancs, comme les musiciens,
ce qui est assez rare à Londres — apprécie autant que moi cette musique pleine de
charme et de subtilité, pas racoleuse pour deux sous, juste juste. To ze point, comme disent les Rosbeefs/Hamburgers.
Le
claviériste a switché pour le piano électrique sur le morceau suivant, en tempo
moyen et toujours chaloupé (ce gaillards doivent faire du bateau à leurs heures
perdues, c’est pas possible, par Poseï donc !). Ca swingue grave et la
voix de la chanteuse se fond parfaitement dans la pâte sonore car elle est plus
un instrument de plus dans le groupe qu’une soliste qui se met en avant, et l’intérêt
va donc de la sonorité d’ensemble — à la fois moelleuse et vibrante — au son de
chaque soliste qui intervient brièvement — sauf Olivia — parce que le focus
n’est pas sur l’exploit individuel (contrairement au néo-hard-bop, par exemple)
mais sur la façon de traiter le format chanson dans une optique jazz, ce qui
relève parfois de l’exploit mais qui ici coule de source, comme une rivière
tantôt calme, tantôt impétueuse qui travers un paysage vallonné. C’est tout
simplement beau, voilà tout, et on n’a pas envie que ça s’arrête, et je pense à
ceux qui vont aller au taf demain matin dès l’aube (Lord, have mercy !).
Ils ne vont pas pouvoir savourer les effets à retardement de cet excellent
concert, à moins qu’ils ne trouvent le moyen de cajoler ce souvenir tout en
trimant.
Moi,
en tout cas, en paisible retraité, je vais m’endormir sur ces notes et me
réveiller en fredonnant une de leurs mélodies. C’est sûr : je me connais
un peu quand m’aime !
Tiens,
là ils vont jouer un thème qui n’est pas d’eux. Ca débute par un batterie en sourdine puis un piano tout en retenue avant
que la voix ne surgisse paisiblement puis s’enfle au fur et à mesure que les
paroles le demandent.
Les mêmes en loge |
On
est vraiment dans la beauté, pas dans la joliesse, et à 1000 lieues de la
mièvrerie. On n’est pas dans la pop non plus, malgré le format chanson. On est
bel et bien dans une vision du jazz qui doit pas mal à Joni Mitchell, un peu à
Dianne Reeves aussi et à toute une lignée de vocalistes britanniques :
Norma Winstone, June Tabor, Claire Martin, Ian Shaw, Liane Carroll… pas Jamie
Cullum, qui est plus pop et plus racoleur.
Le
morceau suivant est nouveau et c’est de nouveau le piano électrique qui s’y
colle pour l’introduire. C’est encore chaloupé (faut que je trouve un autre terme.
Ca y est : ça balance de nouveau en souplesse) et la voix sinue dans les
harmonies tandis que le sax fait de petits obbligatos. Bref c’est beau (je
C, je me répète. Et alors : ça vous arrive jamais à vous de péter et de
re-péter ? — hi !hi !hi ! Qu’il est con ce EMGé !
Toujours les mêmes en loge, dont 1 qui fait le zouave |
Et
quand je repasse un peu plus tard par la salle de concert du Vortex pour
récupérer mon MacBook et une bière qui a à peine tiédi, dans l’optique d’un
départ prochain mes oreilles sont à nouveau happées par le son des Wandering
Wires.
Foutus
jeunes Brits : ils ne laisseront pas dormir un vieillard franchouillard
qui a passé une partie de son après-midi à crapahuter dans le London Overground
(leur RER) après s’être évidemment gouré avec l’Underground (aka the Tube, leur
métro) vu que les deux vont vers le même terminus (typiquement la fourberie de
la perfide Albion, si vous voulez mon avis) !
On
n’imagine pas ça chez nous, dans le Sud profond (par rapport à cette île qui
n’est même pas foutue de produire du vin buvable et propose au gourmet à peine
quelques dizaines de fromages) : à Paris y’a le métro intra et un peu
extra-muros, d’une part, « et les keufs et les meufs dans le RER »,
comme rappaient Les Inconnus, pour la banlieue pas rose & morose.
Donc
Le Vortex est situé à Perpète-les-Oies, genre Corbeil & Sons ou Saint Ouen
Low Moan. Faut vraiment avoir envie d’écouter de la ziq pour se traîner jusque
là-bas, mais le programme est si bon et éclectique (« et-é » C assez
laid, je C, mais me faites pas chier à 7 heure du soir, sinon je vais péter 1
câble) que C quasiment toujours plein de jour comme de nuit.
Et quand le Vortex n'est pas plein, il est (par définition)… vide (mais en instance de pleinitude) |
Et à
propos de keufs y’en avait tout 1 paquet tout à l’heure dans le square de
Gillet Square, qu’on voit des fenêtres du Vortex, sans doute à cause du
carnaval local qui avait lieu dehors. Mais là ils se sont fait la malle, alors
on va pouvoir sortir en paix, sans croiser les gardiens de la même (paix,
évidemment).
Les cops 2 London Town en pleine action (directe?). |
Max
Granvil (who else, goddammit?!¿¡)
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