jeudi 12 septembre 2019

The Wandering Wires, Vortex jazz Club, Londres 08/09/1019



 
Encore une voix : décidément c’est ma semaine de chance au Royaume-Uni ! Ce soir c’est Olivia Williams et ses hommes — soit The Wandering Wires, pour les intimes.
 
Sa voix est beaucoup plus douce que celle de Fiona Ross hier soir au centre ville et le groupe commence par une ballade gentiment chaloupée. Ces jeunes Britanniques (qui ne sortent pas d’une école de jâââze, me sussurre Ollie ze boss of ze Vortex) ont clairement le sens de la mélodie — et ce n’est pas le responsable du très joli solo de piano qui me contredira.
Y’en a qui penseront que cette musique douce et punchy à la fois n’a pas vraiment sa place au Vortex. Ils se gourent totalement ! L’image qu’on a souvent, en France, de ce club du nord-est de Londres est que c’est un repaire de free freaks fous furieux. Rien n’est plus faux : au Vortex toutes les musiques ont droit de cité et pas plus tard qu’avant-hier c’étaient des Africains qui tenaient la scène et leurs cousins & voisins vont revenir cinq fois jusqu’en octobre pour un festival de musique afrrrricaine (prrrésentement, là dis donc) — le 17° —, et dans quelques semaines my main man Evan Parker reviendra, comme il le fait tous les mois depuis des années (par accord avec Oliver Weindling, le patron des lieux, Evan prend la salle et Ollie le bar et tant que ça marche, ça marche !). 
 














 





















































Là Olivia — qui présente les musiciens et les morceaux (des originaux) — a invité le sax alto à se joindre au quartet voc/p/elb/dm et c’est de nouveau une jolie ballade qu’ils jouent et on la goûte avec la même gourmandise que la précédente car les 5 mecs/meuf qui occupent la scène nous servent de la beauté pure (si tant est que la pureté existe dans ce bas monde, évidemment ! — là je réponds par avance à l’objection que j’attendais de la part de puristes de la pure thé).
Le public nombreux qui a rempli le Vortex — que des Blancs, comme les musiciens, ce qui est assez rare à Londres — apprécie autant que moi cette musique pleine de charme et de subtilité, pas racoleuse pour deux sous, juste juste. To ze point, comme disent les Rosbeefs/Hamburgers.
Le claviériste a switché pour le piano électrique sur le morceau suivant, en tempo moyen et toujours chaloupé (ce gaillards doivent faire du bateau à leurs heures perdues, c’est pas possible, par Poseï donc !). Ca swingue grave et la voix de la chanteuse se fond parfaitement dans la pâte sonore car elle est plus un instrument de plus dans le groupe qu’une soliste qui se met en avant, et l’intérêt va donc de la sonorité d’ensemble — à la fois moelleuse et vibrante — au son de chaque soliste qui intervient brièvement — sauf Olivia — parce que le focus n’est pas sur l’exploit individuel (contrairement au néo-hard-bop, par exemple) mais sur la façon de traiter le format chanson dans une optique jazz, ce qui relève parfois de l’exploit mais qui ici coule de source, comme une rivière tantôt calme, tantôt impétueuse qui travers un paysage vallonné. C’est tout simplement beau, voilà tout, et on n’a pas envie que ça s’arrête, et je pense à ceux qui vont aller au taf demain matin dès l’aube (Lord, have mercy !). Ils ne vont pas pouvoir savourer les effets à retardement de cet excellent concert, à moins qu’ils ne trouvent le moyen de cajoler ce souvenir tout en trimant. 
 
Moi, en tout cas, en paisible retraité, je vais m’endormir sur ces notes et me réveiller en fredonnant une de leurs mélodies. C’est sûr : je me connais un peu quand m’aime !
Tiens, là ils vont jouer un thème qui n’est pas d’eux. Ca débute par un batterie en sourdine puis un piano tout en retenue avant que la voix ne surgisse paisiblement puis s’enfle au fur et à mesure que les paroles le demandent.
Les mêmes en loge
On est vraiment dans la beauté, pas dans la joliesse, et à 1000 lieues de la mièvrerie. On n’est pas dans la pop non plus, malgré le format chanson. On est bel et bien dans une vision du jazz qui doit pas mal à Joni Mitchell, un peu à Dianne Reeves aussi et à toute une lignée de vocalistes britanniques : Norma Winstone, June Tabor, Claire Martin, Ian Shaw, Liane Carroll… pas Jamie Cullum, qui est plus pop et plus racoleur.
Le morceau suivant est nouveau et c’est de nouveau le piano électrique qui s’y colle pour l’introduire. C’est encore chaloupé (faut que je trouve un autre terme. Ca y est : ça balance de nouveau en souplesse) et la voix sinue dans les harmonies tandis que le sax fait de petits obbligatos. Bref c’est beau (je C, je me répète. Et alors : ça vous arrive jamais à vous de péter et de re-péter ? — hi !hi !hi ! Qu’il est con ce EMGé ! 
Toujours les mêmes en loge, dont 1 qui fait le zouave
Mais mon métabolisme de fou-furieux a déjà digéré le poulet/riz/piment de tout à l’heure et je me sens tout d’un coup pris d’une étrange faiblesse. Je fonce en loges où m’attendent tranquillement un cachet de vitamines, deux figues de Turquie et une barre protéinée (sans parler d’une bouteille de Laphroaig — je n’ai pas trouvé de Caol Ila dans les deux supermarchés que j’ai honorés de ma clientèlitude — dont j’userai avec maux & rations, de peur d’être saisi d’une envie irrépressible de me pieuter là, sur le sol en béton ciré de la loge).
Et quand je repasse un peu plus tard par la salle de concert du Vortex pour récupérer mon MacBook et une bière qui a à peine tiédi, dans l’optique d’un départ prochain mes oreilles sont à nouveau happées par le son des Wandering Wires.
Foutus jeunes Brits : ils ne laisseront pas dormir un vieillard franchouillard qui a passé une partie de son après-midi à crapahuter dans le London Overground (leur RER) après s’être évidemment gouré avec l’Underground (aka the Tube, leur métro) vu que les deux vont vers le même terminus (typiquement la fourberie de la perfide Albion, si vous voulez mon avis) ! 
 
On n’imagine pas ça chez nous, dans le Sud profond (par rapport à cette île qui n’est même pas foutue de produire du vin buvable et propose au gourmet à peine quelques dizaines de fromages) : à Paris y’a le métro intra et un peu extra-muros, d’une part, « et les keufs et les meufs dans le RER », comme rappaient Les Inconnus, pour la banlieue pas rose & morose.
Donc Le Vortex est situé à Perpète-les-Oies, genre Corbeil & Sons ou Saint Ouen Low Moan. Faut vraiment avoir envie d’écouter de la ziq pour se traîner jusque là-bas, mais le programme est si bon et éclectique (« et-é » C assez laid, je C, mais me faites pas chier à 7 heure du soir, sinon je vais péter 1 câble) que C quasiment toujours plein de jour comme de nuit. 
Et quand le Vortex n'est pas plein, il est (par définition)… vide (mais en instance de pleinitude)
Et à propos de keufs y’en avait tout 1 paquet tout à l’heure dans le square de Gillet Square, qu’on voit des fenêtres du Vortex, sans doute à cause du carnaval local qui avait lieu dehors. Mais là ils se sont fait la malle, alors on va pouvoir sortir en paix, sans croiser les gardiens de la même (paix, évidemment). 
Les cops 2 London Town en pleine action (directe?).
Max Granvil (who else, goddammit?!¿¡)

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