mercredi 5 octobre 2011

«L’art est public, Françoise! »


Et voilà-t-y pas que Blog de Garenne vous propose une nouvelle rubrique :  «L’art est public, Françoise! ». Une rubrique gratoche, passionnante, truffée d’infos zinédites et croustillantes sur l’image que notre belle nation donne d’elle-même à l’étrange et… 
Aujourd’hui : La France en Corée… toujours (ou toujours et encore, si tu préfères, honorable lecteur).

Le Jarasum Jazz Festival (huitième édition) www.jarasumjazz.com/the8th/home a lieu début octobre sur une île au milieu d’une rivière, à moins de deux heures de voiture au nord-est de Séoul (si ça roule bien, et en ce long week end férié c’est loin d’être le cas). En tout cas le festival est une sympathique attraction populaire organisée avec un remarquable professionnalisme : environ 15 000 spectateurs, moyenne d’âge autour de 20-30 ans (largement en-dessous de ce qu’on constate en Europe de l’Ouest, mais la lointaine Asie est jeune, on le sait).
On campe sur place et on allume des lampions qui s’envolent dans la nuit frisquette, on s’amuse, on casse la graine, on picole gentiment de la bière locale, du vin de riz local, du vin de vigne issus de cépages austraux plutôt qu’occidentaux (eh oui, c’est loin l’Europe, vu d’ici), et on écoute du jazz de tous les pays, de toutes les tendances (hormis le New Orleans et le free pur et dur) avec une dominante jazz-rock soft et easy listening. 

C’est que le pays est jeune dans ce domaine, mais curieux et avide de découvertes. Et parmi ces découvertes, deux groupes français. Deux trios, aux antipodes l’un de l’autre. A ma droite le Trio d’en bas : jeune, en tournée estampillée Spedidam www.spedidam.fr/, Institut Français www.institutfrancais.com/, Languedoc Roussillon Réseau en Scène http://www.reseauenscene.fr/. A ma gauche le trio de Marc Ducret : seize ans de vie commune, estampillé « notre réputation nous suffit largement ».
Tous deux jouent pour la première fois en Corée.
Max Granvil (EmGé pour les uns, Tim, et ce que vous voudrez pour les hôtes), l’envoyé spécial de Blog de Garenne (BédéGé pour les uns…), présent sur les lieux, ne va pas ici jouer les deux trios l’un contre l’autre : y’a pas photo — ça être sûr —, et on espère que les jeunots de l’aprèm’ sont allés écouter « le Marco et ses deux sbires » en fin de soirée.
EmGé ne va pas se gêner, par contre, pour comparer les deux modes de fonctionnement : le Trio d’en bas (qu’il ne connaissait pas mais dont il vous laisse apprécier le ramage sur le lien ci-contre http://triodenbas.com/ ) fait partie de ces jeunes groupes repérés par l’Afijma et bénéficiaires de la tournée Jazz Migration organisée par ladite institution. Ils ont été repérés par le directeur artistique du Jarasum Jazz Festival (JJF) à l’Europa Jazz Festival du Mans, où ledit D.A. était invité pour découvrir notre scène et « faire son marché de jazz français » (ce qui n’est que naturel : faut bien manger, et si possible en variant ses menus dit mon nutritionniste). La présence du Trio d’en bas au Mans ce printemps et les divers soutiens dont ils bénéficient ont bien sûr pesé dans la balance pour aboutir à leur présence à Jarasum (« Votre trio de jazz français, vous le préférez cash et sans sauce ou avec des petits légumes marinés plus 20% de réduction, Señor JJF Artistic Director ? »). EmGé n’était pas au Mans ce printemps et ne sait pas quels étaient les autres groupes au menu. Ce qu’il a vu du Trio d’en bas à Jarasum, par contre, l’a très moyennement convaincu : de bons musiciens certes (mais en sort-il de mauvais des écoles de jazz, à c’t’heure ?), un peu de musique certes — plutôt pas mal même, au début —, mais surtout beaucoup de show voire de cirque d’un goût douteux (dérouler une partition de 3km pour singer le soliste classique sur une parodie de valse viennoise, imiter l’accent allemand — ce dont je doute que ces trois lascars oseraient le faire en Allemagne, Autriche, Suisse alémanique… tous pays où les groupes de leur niveau pullulent…), bref une tentative assez pitoyable de se mettre le public dans la poche en faisant le coup des djeunz qui s’amusent… ou qui se la pètent. Et tout ceci avec leur propre sonorisateur, et avec le soutien de l’argent public, en pluche. Fastoche ! 

Ducret/Chevillon/Echampard www.marcducret.com/, en comparaison, c’est la grande classe (et l’on souhaite au Trio d’en bas de grimper un jour à ce niveau de maturité/musicalité). C’est également au Mans que le D.A. de Jarasum a repéré Marc Ducret, dans un contexte autre que son trio. Conseillé par son épouse Youn Sun Nah — chanteuse que tu ne peux ignorer, ami lecteur, sinon je te raye de mes papiers —, fine connaisseuse de la scène française, il a engagé le trio… et bien lui en a pris. Imaginez un public familier des clones asiatiques de Mike Stern ou Pat Metheny projeté d’un coup sur la planète Ducret et découvrant du même coup le jeu de basse de Bruno Chevillon et le drumming d’Eric Echampard ! 

Pas de crises cardiaques dans la salle, mais un enthousiasme palpable, des applaudissements à tout rompre pour tout ce qui peut ressembler à un morceau de bravoure, et un « We love you ! » final lancé par une voix féminine, qui résume l’impression générale. Et tout ceci pour trois musiciens (je repète — et répétez après moi, je vous prie — : mu-si-ciens) qui jouaient à minuit, les doigts quasi gelés, sous un chapiteau glacial… mais avec une générosité totale, sans esbroufe, et munis de leur seul talent, de leur expérience de la scène, et d’une vision de la musique d’une authenticité telle qu’on ne l’imagine pas un instant assortie de pitreries et autres gadgets scéniques.  Là, en Corée, de nuit, encore (et toujours) — EmGé aussi peut faire de l’ « humour d’en bas » — : « less is more » (ce que je ne parviendrais pas à traduire avec les quelques bribes de Coréen que j’ai réussi à capter lors de cet instructif séjour — Ja, ja : très inztrüktiv… vu d’en bas). MG
PS: Petit codicille destiné à faire comprendre à nos édiles que, vue d'Asie, la France c'est loin: parmi les divers produits proposés au artistes dans leurs loges on trouvait un vin plutôt bon venu d'Afrique du sud et non de nos bons vieux terroirs. Son nom sonne comme un pied de nez à nos valeureux vignobles:
Et quand on rentre au pays, on sait tout de suite où l'on est! Ci-dessous, l'entrée des WC à Roissy CDG:

1 commentaire:

  1. Bonjour EmGé ! C'est le Trio d'en bas.

    Merci pour cet avis d'une pertinence à toute épreuve !
    On a été très déçu de ne pas vous avoir vu après le concert en Corée...
    Du coup il nous tarde de vous recroiser sur les routes, on pourra en parler avec vous de vive voix.

    Au plaisir, Le Trio d'en bas

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