mardi 22 janvier 2019

Le "chauffeur" de l'accordéon meurt en hiver: ça jette un froid!


Marcel Azzola nous a quittés en ce début de semaine où on se caille les miches (à Paname en tout cas) et tout le monde de la musique pleure (j'imagine) car c'est un GRAND Monsieur qui vient de partir, et pas seulement un grand accordéoniste.
Qu'il ait été un roi du piano à bretelles, tout le monde le sait parce que c'est tellement vrai que ça dépasse toutes les rumeurs, tous les clichés, toutes les phrases toutes faites au tour à manivelle dans une bonne vieille fabrique de langue de bois.
Qu'on l'ait écouté avec Brel (l'inventeur du fameux "Chauffe, Marcel!") avec Barbara ou en jazz (comme sur le CD — pochette ci-dessus — que je réécoute en tapant cet article: un CD que vous pouvez vous procurer facilement sur le net, alors que poor ma part je l'ai acquis à l'ancienne dans une petite boutique d'Udine (Frioul, Italie) que même qu'elle s'appelle "L'angolo della musica" (le coin de la zique dans notre belle langue, Françoise) — quel que soit le contexte dans lequel tu l'auras écouté (oui toi, lecteur aimé, toi Gudrun avec ta frange qui cache ton haut front de penseuse, toi Bronislaw avec tes tatouages sur les bras (et sûrement ailleurs mais je préfère pas savoir où), toi Emma qui aimas tant Azzola qu'aujourd'hui tu pleures ta reum de le savoir parti, et enfin toi Abderrachid, mon fils, qui connais à peine ce vieux Marcel, mais qui aimes la corde et on et qui vas le découvrir incessamment sous peu grâce au buzz qui va accompagner sa disparition) tu auras tout de suite entendu chez lui une maîtrise, une "maestria" (disent nos voisins Ritals qui savent de quoi ils parlent quand on cause music) qui fait qu'on ne peut que l'appeler "Maestro" avec un mélange de respect profond, d'admiration éperdue et de gratitude pour tous les instants de plaisir est-ce tes tics (normalement on devrait dire "sont-ce tes tics", j'te f'rai dire) qu'il nous a offerts gratoche parce que, comme tous les GRANDS MAÎTRES il était d'une générosité sans pareille.
Alors voilà: Monsieur Marcel n'est plus. Du moins son enveloppe charnelle va retourner à la terre (à moins qu'il ne soit incinéré). 
Par contre sa musique lui survivra toujours. Je dis bien TOUJOURS parce que, tant qu'il y aura des amateurs de bonne musique, on entendra son piano à bretelles nous faire danser/rêver/taper du pied/hocher la tête en rythme (je vous prie… et que ceux qui ne savent pas hocher la tête ou taper ds les mains en rythme aillent se faire remettre les pendules à l'heure et plus vite que ça: ils devraient déjà être revenus tout remplis de leur savoir nouvellement à qui), que ce soit sur vinyle, CD, mp3 ou autre machin technologique qui permet de diffuser la zique.
Voilà. Séchez vos larmes de deuil et laissez couler vos larmes dès motion en écoutant Marcellone Azzola, ou laissez un sourire extatique vous traverser le visage en ouïssant ses impros, ou laissez-vous emporter par le flow de son phrasé de tueur raide, ou encore laissez sa sonorité riche et pleine (tout en étant d'une ductilité incomparable) se couler au fond de vos tympans qui la scanneront définitivement de sorte que vous ne le confondrez pas avec ses deux collègues d'ascendance latine, je veux dire Galliano et Salis sur le skeud susmentionné — encore que ce "salaud" de Salis ne soit pas d'"ascendance" latine : c'est un pur Sarde qui déchire sa reum chaque fois qu'il s'assied devant un piano (et pourtant il ne possède pas de piano chez lui, croyez-le ou pas : quand j'ai dit ça à Diederik Wissels un soir que Salis jouait à Berchidda, sur la scène érigée en plein coeur du village natal de Paolo Fresu, qui dirige ce magnifique festival qui se nomme Time in Jazz et qui se déroule tous les mois d'août dans le nord de la Sardaigne, eh bien ce pauvre Diederik n'en revenait pas et avait du mal à le croire. Le pauvret, il en aurait presque pleuré tellement cette découverte faisait basculer son monde de pianiste et de prof de piano. 
Salis, lui, n'enseigne pas, aux temps que je sache : il joue et c'est tout, et à chaque fois il déclenche tant de beauté convulsive que c'en est parfois presque insupportable.
Allez le voir/entendre s'il joue près de chez vous (il y a peu de chances : Antonello Salis a la réputation d'être "ingérable", alors la pauvre Marion Piras — son agent pour la Franszouskerie — a toute les peines du monde à le vendre à des programmateurs prudents (ou des pro-gramme à tant prudeurs, si tu préfères).
Pourtant, faites venir son groupe avec Gavino Murgia, Paolo Angeli & my main man Hamid Drake et je vous parie que ces 4 gaillards vont faire reculer les murs de votre salle de pestacle et par la même occaz reculer les limite du tolérable en matière de musique. Ils vont tout déchirer avec tendresse, rage et virtuosité et vous mettrez longtemps à vous en remettre (re-maître) parce que ce sont des Maestri, des putain de Maitres, des Maestroni!!!
 (Salis c'est celui qui fait une sorte de moue, à droite, avec les lunettes de soleil — O sole mio! Il est tellement typé Sarde du sud qu'on pourrait le prendre pour un Gitan ou un Arabe. Sacré Salis!)

Bon ben voilà, hein : je crois qu'on a fait le tour du cadavre de ce vieux Marcellone et qu'on peut le laisser à son repos éthernel. Entre-temps, pendant que j'écrivais il s'est mis à neiger sur Paname et environs. C'est gravement beau mais ça va foutre le bordel sur les routes et je ne sais pas si je vais sortir mon brave mulet qu'il s'appelle Honda "Swing" (y'a pas de hasard, mon mec/ma meuf) parce que les bagnoles, elles sont déjà tellement irrespectueuses des deux roue par temps sec qu'avec la neige je crains que ce ne soit l'hécatombe de scoots & motos.
Pourtant la crainte n'est pas ma caractéristique dominante. Comme chacun sait, Max Granvil est né à Granville (Manche), à 50 bornes au nord du foutu Mont Saint-Michel, en plein coeur de la Normandie profonde (30 bornes au sud de Coutances et de son Jazz sous les pommiers — aka JSLP), et si vous avez lu Astérix vous savez que LES NORMANDS IGNORENT LA PEUR. 

Voilà!

@ciao mes douze agneaux, ci vediamo presto. CiaoCiaoCiao…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire