mercredi 17 juillet 2019

Je vais t'en coller une…

                 "Je vais t'en coller une, tu vas te demander qui a éteint la lumière" Lino Ventura
 
Diable, peste, diantre/fichtre/foutre, vous dites-vous, le voilà bien excité notre eMGé dès le matin!
Mâtin, quelle entrain, quelle patate, quelle verve! 
Mais c'est que Max Granvil, habitué à la discpline quasi militaire à laquelle il s'astreint au quotidien (douché/rasé/branlé à 6 plombes du mat', en selle à 6h30 — après un petits déj' frugal mais substantiel — et au galop à 6h35) est opérationnel dès le lever (c'est lui qui réveille Helmut-Heinrich, son majordome teuton, et Javier-Jesus, son chauffeur colombien qui veille sur la Maserati garé dans le garage qui jouxte sa luxueuse demeure sise dans un endroit top secret (té, peuchère, cong!).
Bref, dès le matin eMGé est un mean motherfucker prêt à tirer à vue sur tout ce qui bouge et qui ne swingue pas, ne  groove pas, bref tout ce qui fait chier.
le T shirt préféré de eMGé 😎😉



Or là, y'a quelque chose qui l'a grave énervé. Pas plus tard qu'avant-hier, chez son ami Rachid, il tombe sur un bouquin qui traine sur une étagère et sa curiosité toujours en éveil est instantanément émoustillée. Visez un peu la couv' dudit bouquin:
"Vers une nouvelle histoire de la zik", peste! La bave me monte aux lèvres face à une perspective aussi alléchante. Quoi, un sherpa musicologue va me guider vers les hauteurs himalayesques de la Musique (avec un grand aiMe). Mon petit coeur palpite, je frémis, je suis en transe…
Puis je feuillette et la colère remplace vite l'émoi :
Ce n'est pas de la musique au sens large qu'il s'agit ici mais tout juste de la musique occidentale européenne. Je dis bien "européenne" car pas un compositeur américain n'est cité. Pas plus d'Aaron Copland que de Terry Riley, point de Gershwin ni de La Monte Young, on cherche en vain Steve Reich et son pote Philip Glass, Samuel Barber ou Milton Babbit, idem pour Charles Ives ou John Cage et pas plus de Leonard Bernstein que de morpions sur le pubis rasé d'un(e) quelconque quidam(e), et je ne vous parle même pas de Scott Joplin (un Nègre qui osa, en 1911, écrire un opéra :"Treemonisha"!)
Joplin















Gershwin
Copland
















Riley



















Bref ce Gérard Deniseau (que j'appellerai désormais Demi-Sot — DS pour les intimes — si vous le permettez) me semble être un gros co… euh, pardon, un sacré #&@§%*.
Gegé Demi-Sot
Alors, les amis, je n'ai pas le choix : je m'en vais préparer sa défonce. A lui de préparer sa défense!
Et qui est-il, après tout, ce Demi-Sot ? La 4° de couv' le présente comme un universitaire bardé de diplômes (dis "plôm"!), bref une tronche mais singulièrement dépourvue de coeur et de tripes, comme nombre de musicologues. Car le logos sur la musique, reconnaissons-le, c'est souvent chiant à mourir.
— "Stop! Halte là! Dis-donc eMGé, et toi tu serais pas par hasard un gus qui écrit sur la zik, hein, dis?" entends-je murmurer dans mon dos.
— Si fait, réponds-je (c'est joli "r-éponge", non? C'est absorbant et malléable). Oui-da: je m'enorgueillis effectivement d'écrire sur la musique, ce qui — dixit my main man Frank Zappa — est aussi inutile que de danser sur l'architecture. Et le génial moustachu a raison.
F. Z.
 Sauf que moi (comme d'autres, bien sûr) je ne suis pas bardé (lardé?) de papelards qui garantissent ma valeur sur le marché des titres unis vers Cithère. Je n'enseigne pas la musique au logis (j'ai enseigné deux ans, en tant qu'intervenant extérieur, dans le cadre d'un "master pro de journalisme culturel" (ça en jette, hein comme appellation ronflante!) à Censier. J'ai tenu 2 ans avant de démissionner car les jeunes étudiants à qui j'avais affaire manquaient par trop de culture et de curiosité et n'étaient pas demandeurs de ce que je cherchais à leur apporter : une capacité à écouter la musique de façon émotionnelle ET analytique afin de pouvoir ensuite placer des mots sur leur ressenti. Un de ces "petits cons" (pas tous, bien sûr, mais la majorité) me rendit même un jour un devoir où il m'avait piqué deux phrases trouvées dans un de mes articles sur internet. Et cet abruti croyait que je n'allais pas reconnaître mon écriture!
Bref, je claquai la porte au bout de deux années de longs et boyaux services et, de toute façon — comme me le glissa à l'oreille une des étudiantes — ce département de "journalisme culturel" avait été créé et était dirigé par deux professeurs qui n'avaient jamais écrit une ligne… dans un journal! (caisse qu'on s'marre, non?).
Mais revenons à notre Demi-Sot. Sa classification des musiques par genres n'est pas idiote en soi, mais elle l'amène à faire des erreurs énormes et des impasses impardonnables. Par exemple il classe "Les Saisons" de Haydn dans les "genres vocaux religieux"! "Les Saisons", religieux? "La Création" du même Haydn, bien sûr, mais "Les Saisons"! Cet oratorio est au contraire un hymne païen voire panthéiste à la nature, un psaume pré-romantique qui a dû plaire à Beethoven (Mozart, lui, était mort depuis 10 ans). Ecoutez donc voir l'aria de baryton dans la section "Printemps" des "Saisons" ("Die Jahreszeiten", en Teuton) "Schon eilet froh der Ackermann" (le paysan s'en va tout joyeux au champ dès le matin — comme eMGé, té peuchère cong!). Chopez ça chanté par Hans Sotin sous la direction d'Antal Dorati et dites moi si vous entendez du  religieux dans la musique ou dans les paroles.
Notre DS fait par ailleurs une distinction que ne me paraît pas claire du tout entre "opera seria" et "tragédie en musique". Sa manie de la classification l'amène à faire des distingos foireux et à oublier des chefs d'oeuvres. Ainsi il ne mentionne pas les magnifiques "Vêpres de la Vierge" de Monteverdi (sans doute ne sait-il pas où les classer dans ses foutus genres).
Pas un mot non plus sur les splendides "Stabat Mater" qui vont de celui de Scarlatti (Alessandro) au début du XVIII° siècle à celui de Dvorak vers la fin du XX°, en passant par le fabuleux "Stabat" de Pergolèse et à l'hilarant "Stabat" de Rossini (qui est bien incapable de pondre une musique triste). D'ailleurs, en parlant de Scarlatti, DS cite le père (Alessandro) à plusieurs reprise mais oublie totalement le fils (Domenico), né — tenez-vous bien! Allez, tenez-vous bien! Un peu de tenue, bordel! — la même année que Bach et Haendel : 1685. Imaginez ces trois mamans enceintes de génies en même temps!
  

Domenico Scarlatti, donc, et ses 550 sonates pour clavier (réhabilitées par ce "tueur" doux de Vladimir Horowitz alors qu'elles étaient bêtement considérées avant lui comme des exercices d'école) complètement zappées par DS qui mérite vraiment des baffes.
Domenico Scarlatti
Horowitz jeune
  J'ai dit que DS parlait exclusivement de la musique occidentale européenne, mais là aussi les lacunes sont pires que des nids de poules : des ravins, des canyons qui trouent son discours sèchement anal y tique. Ainsi, pas de dames dans son "name dropping": Lili Boulanger et Germaine Tailleferre? Existent pas! Des contemporains encore vivants comme l'Estonien Arvo Pärt (qui a d'ailleurs composé un "Stabat Mater" en 1985, j'allais l'oublier), le Hongrois György Kurtàg ou le Français Pascal Dusapin? Connais pas! Le dernier compositeur auquel DS consacre une page est Edgar Varèse, et il ne parle même pas de son émigration aux USA ni de son influence sur Frank Zappa, qui le portait aux nues.
Lili




Germaine
Pärt












Kurtag














Et le jazz dans tout ça, Ô Max Granvil, grrrrand gourrrou de la zik vivante? Rien sur lui, bien sûr! 
Pas un mot de l'"Ebony Concerto" d'Igor Stravinsky, composé pour le big band de Woody Herman! Pas un mot sur l'influence des "impressionnistes" Ravel et Debussy sur Duke Ellington et Billy Strayhorn ou sur Bill Evans (le pianiste, pas le saxophoniste). Pas un mot de l'influence de Bach sur quasi tout le jazz, ni de la reprise swing des "4 saisons" de Vivaldi par le big band de Raymond Fol.
Igor
 












Woody



























Pour terminer cette mise en pièces impitoyable (mais pourquoi avoir pitié des #@&§%*?) je ferai remarquer un détail: l'ouvrage susdit se prétend rédigé "dans une langue accessible à tous" (je cite).
Alors essayez d'entraver quoi que ce soit à cette phrase (à propos de Stravinsky, p. 225) : "Ce serait négliger que l'histoire de ces genres ne peut être placée en parallèle de celles du langage et de la forme, pour la raison que les nécessités commandant leurs évolutions respectives ne ressortissent pas au même processus" (processus moi l'noeud — l'ajout est de votre eMGé, oeuf corse!).
Lumineuse 7 phrase axe & cible @ tousse, niet?
Un processus
Bref ce bouquin sur les "genres musicaux" est à plus d'un niveau une sombre merde. 
Il fallait que quelqu'un se dévoue pour lui tailler des croupières. eMGé l'a fait. Merci qui?😏😎
Maria Callas fumant une clope (rien à battre du politiquement correcte et de l'hygiénisme) et se gaussant de Demi-Sot
Sonny Rollins envoyant la purée vers la fin de sa carrière avec sa coupe afro
Max Granvil
eMGé s'apprêtant à faire sauter Demi-Sot grâce à son camion-citerne personnel et au cigare fourni avec 😈😎😏





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