dimanche 8 septembre 2019

Fiona Ross & band, Café Zédel, Le Crazy Coq's, London W1, 08/09/2019


 
 
Les Britanniques ont clairement un truc avec la voix. Tous genres confondus ! Pensez un peu beaucoup aux Tallis Singers en musique ancienne, à Alfred Deller ou à James Bowman en musique baroque, à Janet Baker ou à Kathleen Ferrier en chant lyrique, à Davey Graham, à Sandy Denny ou à Martin Carthy en folk, à Rod Stewart, Joe Cocker, Tom Jones, Amy Winehouse ou Seal en pop, à Dusty Springfield ou Eric Burdon en blues/soul, à Roger Daltrey, Stevie Winwood, Roger Chapman, 
Marianne Faithfull ou Robert Plant en pop/rock et à Phil Minton, Ian Shaw, Jamie Cullum, Claire Martin ou Norma Winstone en jazz. Une vraie pépinière, sans équivalent en Europe — si tant est que le Royaume-Uni fasse partie du Vieux Continen   
Dame Janet Baker












 

















Dusty S.









James B. (not Bond!)


























Seal













Marianne F.





















Phil M.






















Jamie C.
























Et il y a toujours une nouvelle voix à découvrir sur cette île qui ne produit même pas de vin buvable (chacun sait que l’abus de vin pousse à la chansonnette quand il n’endort pas. Ben la pale ale, c’est pareil, apparemment). Par exemple voici quelques années, la révélation pour moi, ce fut Liane Carroll. Et cette année c’est Fiona Ross.
Liane C.
Je l’ai croisée, elle et deux de ses zicos à un coin de rue où ils attendaient de pouvoir faire leur balance-son au Zédel Café (un café bien français où l’on peut commander un sandwich au saucisson réalisé avec de la vraie baguette croustillante ! Qui dit mieux ?). Je les abordai sans complexes : un critique de jazz est partout chez lui du moment qu’une contrebasse figure dans les quelques mètres carrés qui l’environnent, et c’était le cas. Particularité du groupe de Fiona Ross — qui n’en est pas une en UK — : la moitié de ses musiciens sont Noirs ! Le mélange des races au Royaume-Uni n’a rien à voir avec les frontières qui se dressent en France (genre si tu joues au Baisé Salé, tu joues pas au Sunset/Sunside ni au Duc — et vice et verça et non pas visez vers ça —, pour les Parisiens).
Le band de Fiona Ross, c’est un sextet + choriste : tp/ts/elg/b-elb/dm et si la leadeuse se contente (et nous contente) de chanter durant le premier set, mais j’ai pu entendre, lors de la balance, qu’elle pratiquait le piano de façon plutôt convaincante.
 
Le style ? Varié ! Thèmes up tempo, ballades, groove et swing avec une voix qui porte bien et qui couvre un spectre large en termes de tessiture.
Comme tou(te)s les Anglais(es) habitué(e)s à des conditions de travail que nous, Français, qualifierions de « commerciales », Fiona est une grande communicatrice et elle annonce les titres en mettant le public aussi à l’aise qu’il se peut.
Son band a beau être en partie improvisé (le batteur m’a confié qu’il jouait avec elle pour la première fois), il tourne à plein régime et ne prend pas de prisonniers sur les thèmes enlevés.
Au second set, Fiona s’installe seule au piano et chante un thème de sa plume plein de soul (d’âme je veux dire, pas le style musical). Si la voix sonne un peu criarde dans les aigus, le sens des paroles d’amour et la vigueur des accords qui accompagnent le chant font passer ce défaut mineur en douceur. Suit  un duo avec le guitariste (est-ce qu’elle va faire revenir les musiciens 1 par 1 ? Suspense !), lequel alterne arpèges et accords plaqués selon que la voix enfle ou décroit. Encore une chanson d’amour, et bien sentie elle aussi.
Décidément cette dame est une excellente compositrice et une non moins talentueuse raconteuse d’histoires, sans parler d’une pianiste tout à fait honorable.
Ben non, elle ne fait pas venir les zicos l’un après l’autre : c’est un duo avec le trompettiste qui suit, un hommage à son père décédé qui débute par « I miss you so, but you’ll never know… ». Si vous avez perdu un proche récemment vous pouvez sortir les mouchoirs tandis que la trompette bouchée se lamente cantabile entre les couplets.
Après ces trois ballades, le groupe entier remonte sur scène pour un thème assez funky et gorgé de sève où les deux chanteuses se donnent à fond sur des contrechants de trompette et de ténor. C’est à la fois très léché (professionnel) et très touchant de sincérité et d’engagement physique. Le morceau suivant — pour lequel Fiona se remet au piano — est tout simplement un blues qu’inaugure le trio p/b/dm, avant que la voix ne se lance sur les 12 mesures, rejointe sur les refrains par la choriste. Le guitariste se lance dans un solo qui déchire sa reum (plutôt claptonien que jeffbeckique) et la tension monte, attisée par un batteur qui sait être intelligemment binaire. Et voilà le ténor qui sort de sa boîte pour un chorus parfaitement dans le ton, sinon immortel. Et c’est un court solo de contrebasse qui conclut cette excellente incursion dans le delta… de la Tamise.
 
Le morceau d’après on peut le danser, annonce Fiona, et effectivement ça trépide sur une mélodie très chantante. Mais il et temps pour moi d’aller satisfaire mon estomac qui gargouille et de toute façon j’en ai assez entendu pour vous donner une idée claire de ce que fait (à la main, sans colorants ni additifs chimiques) Miss Fiona Ross, dont le site web s’appelle : www.fionaross.co.uk
(ze ouane & only & yoursse trouli) Max Granvil

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire