Les
Britanniques ont clairement un truc avec la voix. Tous genres confondus !
Pensez un peu beaucoup aux Tallis Singers en musique ancienne, à Alfred Deller
ou à James Bowman en musique baroque, à Janet Baker ou à Kathleen Ferrier en
chant lyrique, à Davey Graham, à Sandy Denny ou à Martin Carthy en folk, à Rod Stewart, Joe Cocker, Tom Jones, Amy Winehouse ou Seal en pop, à Dusty
Springfield ou Eric Burdon en blues/soul, à Roger Daltrey, Stevie Winwood,
Roger Chapman,
Marianne Faithfull ou Robert Plant en pop/rock et à Phil Minton, Ian Shaw, Jamie Cullum, Claire Martin ou Norma Winstone en jazz. Une vraie pépinière, sans équivalent en Europe — si tant est que le Royaume-Uni fasse partie du Vieux Continen
Marianne Faithfull ou Robert Plant en pop/rock et à Phil Minton, Ian Shaw, Jamie Cullum, Claire Martin ou Norma Winstone en jazz. Une vraie pépinière, sans équivalent en Europe — si tant est que le Royaume-Uni fasse partie du Vieux Continen
Dame Janet Baker |
Dusty S. |
James B. (not Bond!) |
Seal |
Marianne F. |
Phil M. |
Jamie C. |
Et il y a toujours une nouvelle voix à découvrir sur cette île qui ne produit même pas de vin buvable (chacun sait que l’abus de vin pousse à la chansonnette quand il n’endort pas. Ben la pale ale, c’est pareil, apparemment). Par exemple voici quelques années, la révélation pour moi, ce fut Liane Carroll. Et cette année c’est Fiona Ross.
Liane C. |
Le
band de Fiona Ross, c’est un sextet + choriste : tp/ts/elg/b-elb/dm et si
la leadeuse se contente (et nous contente) de chanter durant le premier set,
mais j’ai pu entendre, lors de la balance, qu’elle pratiquait le piano de façon
plutôt convaincante.
Le
style ? Varié ! Thèmes up tempo, ballades, groove et swing avec une
voix qui porte bien et qui couvre un spectre large en termes de tessiture.
Comme
tou(te)s les Anglais(es) habitué(e)s à des conditions de travail que nous,
Français, qualifierions de « commerciales », Fiona est une grande
communicatrice et elle annonce les titres en mettant le public aussi à l’aise
qu’il se peut.
Son
band a beau être en partie improvisé (le batteur m’a confié qu’il jouait avec
elle pour la première fois), il tourne à plein régime et ne prend pas de
prisonniers sur les thèmes enlevés.
Au
second set, Fiona s’installe seule au piano et chante un thème de sa plume
plein de soul (d’âme je veux dire, pas le style musical). Si la voix sonne un
peu criarde dans les aigus, le sens des paroles d’amour et la vigueur des accords
qui accompagnent le chant font passer ce défaut mineur en douceur. Suit un duo avec le guitariste (est-ce qu’elle va
faire revenir les musiciens 1 par 1 ? Suspense !), lequel alterne
arpèges et accords plaqués selon que la voix enfle ou décroit. Encore une
chanson d’amour, et bien sentie elle aussi.
Décidément
cette dame est une excellente compositrice et une non moins talentueuse
raconteuse d’histoires, sans parler d’une pianiste tout à fait honorable.
Ben non, elle ne fait pas venir les zicos l’un après l’autre : c’est un duo avec le trompettiste qui suit, un hommage à son père décédé qui débute par « I miss you so, but you’ll never know… ». Si vous avez perdu un proche récemment vous pouvez sortir les mouchoirs tandis que la trompette bouchée se lamente cantabile entre les couplets.
Ben non, elle ne fait pas venir les zicos l’un après l’autre : c’est un duo avec le trompettiste qui suit, un hommage à son père décédé qui débute par « I miss you so, but you’ll never know… ». Si vous avez perdu un proche récemment vous pouvez sortir les mouchoirs tandis que la trompette bouchée se lamente cantabile entre les couplets.
Après
ces trois ballades, le groupe entier remonte sur scène pour un thème assez
funky et gorgé de sève où les deux chanteuses se donnent à fond sur des
contrechants de trompette et de ténor. C’est à la fois très léché (professionnel)
et très touchant de sincérité et d’engagement physique. Le morceau suivant —
pour lequel Fiona se remet au piano — est tout simplement un blues qu’inaugure
le trio p/b/dm, avant que la voix ne se lance sur les 12 mesures, rejointe sur
les refrains par la choriste. Le guitariste se lance dans un solo qui déchire
sa reum (plutôt claptonien que jeffbeckique) et la tension monte, attisée par
un batteur qui sait être intelligemment binaire. Et voilà le ténor qui sort de
sa boîte pour un chorus parfaitement dans le ton, sinon immortel. Et c’est un
court solo de contrebasse qui conclut cette excellente incursion dans le delta…
de la Tamise.
Le
morceau d’après on peut le danser, annonce Fiona, et effectivement ça trépide
sur une mélodie très chantante. Mais il et temps pour moi d’aller satisfaire
mon estomac qui gargouille et de toute façon j’en ai assez entendu pour vous
donner une idée claire de ce que fait (à la main, sans colorants ni additifs
chimiques) Miss Fiona Ross, dont le site web s’appelle : www.fionaross.co.uk
(ze
ouane & only & yoursse trouli) Max Granvil
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