vendredi 13 janvier 2012

Transes alpines I


Mercredi 11/01 (deux jours pile avant le redouté vendredi 13 au cours duquel aura lieu, comme chacun sait, le fameux « bug de l’an 2012 » — l’une des 12 plaies d’Egypte qui nous accablent  déjà ounou pan donné — en attendant la fin du monde prévue cètanémêm), le 11/01/2012, donc, eut  lieu  l’annuelle cérémonie de remise des prix de l’Académie du Jazz, vénérable institution sans peur et sans reproche (encore que les volutes herbacées y soient plus rares qu’au temps où notre Maurice national la présidait, ce que chacun déplore in petto et dans son Faure intérieur — mais qui se souvient de Maurice Faure, cadet de 12 ans de M. Cullaz ?). 

Cérémonie + cocktail (qu’on attend patiemment en devisant mollo, entendant des topos, rencontrant des poteaux,  évitant des connaux, croisant quelques zozos, répandant des ragots, écoutant des échos…). Et, parfois, parmi les mini-concerts qui ponctuent les remises de prix, surgit une merveille : quelques minutes de musique pure qui vous trouent le cul (car, soyons honnêtes, nous avons tous besoin qu’on nounou la gorge, qu’on nous mette la claque de notre vie, qu’on nous foute par terre (rappelez-vous ce cher Charles B. comparant la mort libératrice et tant attendue par lui à un gladiateur, un rétiaire qui nous terrassera (comme le fit Jacky naguère — et aujourd’hui encore, il peut le fer, ailleurs aussi bien qu’ici) un jour : « Lorsque enfin il mettra le pied sur notre échine, nous pourrons espérer et crier : En avant !… »). Il est salutaire qu’on nous troue le cul (et à certains plus qu’à d’autres car, en sus d’une déplorable absence d’autres huis, il semble que l’orifice anal d’iceux leur face des faux (sinon, comment expliquer que ces mthrfckrs  soient si « full of shit » ?) 
Eh bien mercredi soir, au foie — yeah ! — du Chatte lait, on eut le cul troué, les esgourdes esbaudies et la banane en bandoulière (entre les esgourdes, té pardine !).
Comment se fesse ? S’interroge-t-on autour de moi. Toi qui y fus, Ô EmGé (et le premier qui m’appelle O G M, je lui en colle une, swaditenpa100), consentiras-tu ànounarétooça ? (Les bougres savent que la générosité, l’amour du prochain et l’incontinence verbale sont mes moindres défauts. Ils m’attendent au tournant, m’épient, me guettent — que dis-je : me traquent. Comment résister à la tante à Sion ? Lord, lord, viens-moi en aide ! « Pacs à Afoutre !» dis-tu, Ô Seigneur, créateur et maître de toutes choses (sauf si on est athée ou spinoziste). Tels sont donc le costard et Lacroix que tu veux que je porte ? Je devrai donc affronter seul, comme un iench, la foule des curieux qui souhaitent que je cause (et peut-être même en alexandrin) ? Bon, ben d’accord. Quand faux yalleh, Inch Allah… Pas vrai mon frère?
Et bien donc, public aimé (oui, toi Fernande, toi Norbert), le mini-concert anusofore (des radicaux grecs « forer » et « trouduc », je vous l’rat pelle. Je sais, c’est moins poétique que « perce-neige ». Mais perce-neige, ça jette un froid) fut donné par Francescone Bearzatti (pour ceux qui ne sauraient pas: le « ne » final, en Rital, veut dire « le grand » : Peppone = le grand Peppe — qui veut lui-même dire « petit Giuseppe » : c’est une langue qui raccourcit et rallonge à satiété comme à sa façon , et ça fait la moitié de son charme. Capito, stronzoni ?), lequel F. B., après un court solo bien envoyé invita sa compatriote quasi inconnue en France (vous connaissez des Italiens connus en France, s’ils ne sont papacés par un des groupes d’AèRe, dont je vous causai voici peu?).
Le nom de la dame ? Cristina Zavalloni. (Et le premier qui l’oublie — Ma, cazzo !  — yé né sé pa cé qué yé loui fé, ma yé touvéré,  non ti preoccupi : y’é dé cousins à Napoli et en Siciloci).

 Un duo ténor/voix de ce niveau, à quelques exceptions près et dans un autre genre, il faut remonter à Archie Shepp/Karin Krog pour trouver qwakceswa d’âpre au chant. Et je pèse mémo.  
Public estomaqué (Ci mancherebbe meno !), applaudissements @ ourompre, je chuchote à l’oreille de « my main man » Claude Carrière, éminent ellingtonien comme tchac 1 c, : « Alors, amigo, il t’a plu leur petit « Mood Indigo » transalpinique ? ». Sa réponse frise le dithyrambe, comme je m’y attendais.
Mais je suis curieux et tenace, on le sait : je piste donc quelques attachées de presse présentes sous les lambris chamarrés du Chas teulé et leur suggère à chacune : « Alors, La Zavalloni, si c’est pas toi qui lui trouve des concerts hexagonaux, ce s’ra qui ? Dis, hein ? Qui ? Dis… ». Les réponses sont nettement plus évasives et mesurées. Et on le comprend. Ces dames ont déjà pas mal d’artistes à promouvoir et ne veulent pas multiplier les tâches au risque de les mal faire.
Mais comment — et c’est au système (grand mot, certes, mais trouvez m’en z un autre : je suis preneur) et à ses sbires que je pose la Q — une pure merveille comme la signorina C. Z., qui chante tout de Luciano Berio à Charles Aznavour en passant par le jazz avec une tessiture à vous décaper les tympans, un phrasé de slalomeuse géante, une magnifique expressivité que je qualifierai de « méditerranéenne » pour fer Kurt (Eh, Ling ! écoot1peuéprentaclaq, man !) et une justesse à pousser les diapasons au suicide… comment, donc, fera-t-on découvrir au public français (qui ne le mérite pas car, franchement, un peuple qui plébiscite J. H. —Jeuçui Haschié aka John Phillip Schmette — depuis 4 générations …) auquel il est urgent de trouer le cul et de déboucher les portuguaises ensablées (enfin, on peut toujours essayer, non ?) une voix stratosphérique et qui enfonce du petit doigt de la main gauche toutes les savonnettes que le marché nous présente comme le nec+ultra du « veau qu’a l’jazz » ?
Des noms ? Bien volontiers : Stay C. Ken & Barbie, Mello D. Keepwater (garde-eau, en VF), Mad (pourquoi tant de) Laine Pourée, N’orage Aunsse, Shaï Nam O’Ziz, et j’en passe…
Le problème est donc plus globe halle (au centre) et tient globalement ou centralisme protectionniste de l’Hexagone. Vous en doutez ? Un mot pour vous convaincre avant de revenir au sujet d’aujourd’hui : la transe alpine des flamboyants Ritals (pas tous, bien sûr) et son peu d’écho de ce côté du Mont Blanc. Karunmosufira (allez, 2 mots, foutus gourmands, insatiables goulus, satanés  verbivores). Sarkoland = 62 M de Frenchies, quelques dizaines de labels de jazz indépendants, quelques antennes de grands labels internationaux qui bénéficient d’une relative autonomie et peuvent produire sur place (Universal, EMI…), quelques centaines de musiciens de jazz de réputation nationale (dont quelques dizaines de réputation internationale), enfin quelques milliers d’aspirants à une réputation dépassant le cadre local, professionnels ou amateurs. Germe Annie = près de 90 M de Teutons (le plus grand pays d’Europe depuis la réunification, rien xa), quelques dizaines, centaines… etc., comme chez nous, dont 3 labels autochtones de réputation internationale : dans l’ordre ECM, Enja, ACT. Par contre qui, en France (à part quelques spécialistes), peut citer 10 musiciens de jazz allemands vivants et appartenant à plusieurs générations ? Existe-t-il un seul label français qui propose à son catalogue un musicien allemand vivant en Allemagne (exclus : Daniel Casimir, Frank Woeste ou daniel Erdmann . Ils vivent ici, nous ont piqué nos femmes, mangent notre pain et touchent notre sécu… et leurs femmes, on l’espère mais « cela ne nous regarde pas, mon cher Thierry »? 



Traversez maintenant le Rhin, che fous brie, und n’oubliez pas de nettoyer votre kayak et vos pas gaies avant de vous mettre à l’eau bicoze die Lorelei elle aime pas du tout qu’on salisse le paillasson qu’elle a einztallé zür l’autre riff tü flöv. Gombris ? Ja ? Alors maintenant, Willkommen, pienfenüe outre-Rhein. Gondemblez aloizir le bayzache, che fous brie ! A ma gauche une bonne dizaine de Französische Muzikanten signés (actuellement ou naguère) par des produktörs allemands : Nguyên Lê, Céline Bonacina, Pierrick Pedron (ACT), Michel Godard, Vincent Courtois (Enja), Louis Sclavis, François Couturier, Yves Robert (ECM), et sur de plus petits labels Ping Machine (Neu Klang) et Jean Passe aide Aimé Yeur (car, comme votre serviteur, il est bon et généreux)… A ma droite, maintenant, les musiciens français qui ont joué dans de grandes salles ou des festivals allemands au cours des dernières années ou qui participent à des formations allemandes. Aber, bitte, attendez ein Moment : ils zont trop nombreux, che n’arriverai chamais, ah les cons, t’es tout ce…, moi qu’ai toujours été nu l’an mat. Aidez-moi, les gars, soyez cool ! Ici je vois Martial Solal, à l’auditorium de la radio de Hambourg, là-bas Sylvia Versini à la tête du Cologne, Contemporary Orchestra,  un peu plus loin une demi-douzaine de compatriotes au festival « Vive la France » de (enkore und douchours) Cologne, à Brême, le trio de Matthieu Donarier qui met le bien nommé Schlachthof (l’Abattoir en VF : un ancien abattoir transformé en club de jazz) à feu et à sang, laissant le public en lents beaux, ailleurs Michel Godard joue dans le groupe de Christof Lauer, Stéphane Huchard est le batteur du trio de Florian Ross, Sébastien Boisseau le bassiste de celui d’Hans Lüdemann, Patrice Héral percute au sein du groupe de Markus Stockhausen (parce que ce pauvre Patrice ne peut quand même pas passer sa vie en Autriche avec Max Nagl et Paul Urbanek ou en Italie avec Maria Pia de Vito, ni ce bon Godard trimballer continu et Le Mans son tuba und son serpent dans le coffre du 4x4 Toyota de Rabih Abou Khalil — qui vit aujourd’hui en France — ou sur la banquette arrière de la Fiat 500 de Gavino Murgia, au sud du sud de la Botte. On est d’accord ?)… Bref, sur l’autre bordure, hein, c’est l’invasion consentie, les bras ouverts, l’accueil chaleureux : c’est pas la France, quoi ! Cons 20 culs?  
R. Towner/S. Swallow/P. Héral/J. Taylor/M. P. De Vito
Après c2mo d’une concision lapidaire, revenons à nos moutons transalpins que mon brave chien de berger tente de rassembler au moment même où je vous cause (« Au pied Médor, fichtre-foutre, et descends de 7 brebis, je te prie ! »).
Mais, en fait, c’est un peu l’heure de faire la sieste et de compter les moutons Pluto queue dans causer. Alors vite/pronto/schnell : sachez que ce VSD (c-à-d les 13, 14 & 15/01), il quintetto del maestrone Enrico Rava suona al Sunside di Parigi. Si vous y allez, vous saurez ce que veut dire la transe alpine. Et dans quelques jours, quand je serai réveillé de ma sieste Ray part à Trice, j’expliquerai aux autres de quoi il retourne. Soyez sages en attendant. Sinon…

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