Le
premier set de sa deuxième soirée au Sunset/Sunside, Lew Tabackin le débute en
trio. Alain Jean-Marie est présent dans la salle mais n’interviendra qu’au bout
de quelques morceaux où l’on retrouve la magie du trio de la veille. Tabackin,
que j’ai cuisiné pendant plus d’une heure en début d’après-midi — eh oui,
petit(e)s veinard(e)s vous aurez bientôt droit dans B2G à une interview
exclusive du saxophoniste-flûtiste — m’a avoué qu’il adorait jouer en trio,
mais le plaisir de se faire accompagner par AJ-M, qu’il connaît bien, ne se
refuse pas.
Avec le pianiste, le groupe sonne plus ouvertement bop, les accords
du piano cadrant davantage le jeu du quartet dans cette esthétique. Tabackin y
est évidemment parfaitement à l’aise et, par-delà l’influence de Hawkins, son
phrasé laisse transparaître ce qu’il doit à Bird. Sur un somptueux « You
Don’t Know What Love Is » c’est davantage à Rollins qu’on pense, le
souffleur explorant avec gourmandise les harmonies de cette splendide ballade
tout en construisant un solo de toute beauté. Jean-Marie prend le relais avec
son toucher raffiné, son savoir-faire harmonique à toute épreuve et son
inventivité mélodique habituels.
Qui
ce pianiste n’a-t-il pas accompagné ? Dans tous les contextes où l’on fait
appel à lui, il fait merveille.
Je me souviens l’avoir embauché voici un quart
de siècle pour accompagner un altiste magnifique autant que méconnu (du moins
en Europe où il n’avait jamais mis les pieds) : Gabe Baltazar, qui doit sa
renommée au fait d’avoir été pendant plusieurs années le 1° alto de l’orchestre
de Stan Kenton. Gabe se montra enchanté du soutien que lui fournit AJ-M, lequel
fut ravi de découvrir un soliste et un styliste de ce calibre.
Le
deuxième set du quartet fut encore plus satisfaisant que le précédent, entre
autres parce qu’il fit une large place au répertoire de Thelonious Monk. Un
magnifique stop chorus de ténor rugueux à souhait introduisit ainsi « Trinkle
Tinkle », un véritable cheval de bataille pour un souffleur inspiré et plein
d’une fougue qu’on n’attendrait pas a priori chez un quasi octogénaire. Puis ce
fut « Ask Me Now », du même Monk, une ballade moelleuse où le lyrisme
de Tabackin comme de Jean-Marie firent merveille et que le saxophoniste conclut
de nouveau par un de ces stop chorus virevoltants dont il a le secret — secret
qu’il partage avec son aîné Sonny Rollins. Enfin le quartet entonna « Rhythm
a Ning » avant de passer à Duke Ellington pour un rappel dont on se souviendra
longtemps.
Par contre, eMGé ayant éteint son MacBook avant le rappel et ayant omis de noter le
titre du morceau joué en dernier, il ne peut rien vous en dire ce matin, alors qu'il poste ce compte rendu sur B2G, sinon qu’il s’agissait d’une
de ces ballades dont le Duke avait le secret.
Diable de foutue mémoire qui me
fait défaut : c’est que votre Max Granvil ne se fait plus tout jeune et
que la fuite des neurones l’accable par moments. Ah que ne trouve-t-on pas des
barrettes de mémoire humaine en vente libre dans toutes les bonnes épiceries ?
Le monde est vraiment mal fait !
Max
Granvil
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