Eh
merde : j’étais en fin de blindfold test, dans ma luxueuse demeure audonienne, avec my main man Jean-Jacques Elangué et on finissait de déguster la
cuisine afrrrricaine que je lui avais préparée (prrrrésentement, là dis donc)
quand il s’est mis à flotter dru !
Pute
borgne, on ne va pas pouvoir aller au Sunside en scooter, et la Maserati est au garage pour révision ! Il va falloir
prendre le #@§%* de métro. Se mêler à la « multitude vile » (cf.
Baudelaire, toujours lui) pour aller entendre le band de Clovis Nicolas. Et on
a déjà raté la moitié du premier set.
Bon,
on arrive à l’entracte. On fait des bises à la moitié du public (des zicos pour
la plupart — pas un de mes collègues journaliste n’est là, tant pire pour leur
gu… tronche). Puis le 2° set commence et dès le départ y’a du son grave de chez
grave. La salle est à moitié vide mais on s’en br… euh bat les couettes, j’veux
dire, car le public présent est super réceptif. Et il ferait beau voir qu’il ne
le fût point puisque sur scène, c'est pas pour dire mais ça balance terrible (comme le chantait Zanini).
Marcel Zanini : 1 galure + 1 moustache = tout 1 programme! |
C’est
du post hard bop de haute volée, très intelligemment repensé, revécu avec le
cœur, les tripes et une énorme paire de… feuilles (je sais : vous vous attendiez
à ce que je tape en-dessous de la ceinture, mais macache : Max Granvil
n’est jamais là où vous l’attendez, embusqués dans les fourrés, tapis parmi les
fougères arborescentes — car le jazz, et l’écriture dessus, sont the sound of surprise, j’te f’rai
dire !).
foutues fougères zarbi récentes |
Donc
ça sonne d’enfer et chaque membre du quintet a sa sonorité bien à lui, dont la
somme quasi mathématique (je pose 2 et je retiens mon souffle) façonne un son
de groupe é-nor-me !
Clovis,
le leader (charismatique ? Me faites pas chier avec vos clichés !), est
quasi planqué derrière les souffleurs (c’est assez dire qu’il ne se met pas en
avant et ne vole pas la vedette à ses sidemen) mais c’est lui qui mène son
monde et qui arrange la sauce.
Après un « The Blessing », d’Ornette, pris à un tempo d’enfer (Satan l’habite croix-je entendre : par le sang de Jesus Harold Christ, y’ en a qui aiment le chécli par ici !),
Clovis nous offre une ballade de sa plume qu’il dédie à Jon Boutellier, le ténor au timbre magnifique qui prendra le premier solo : un chorus superbement bien construit et bien senti, suivi par la trompette en apesanteur d’un Fabien Mary fort inspiré.
Après un « The Blessing », d’Ornette, pris à un tempo d’enfer (Satan l’habite croix-je entendre : par le sang de Jesus Harold Christ, y’ en a qui aiment le chécli par ici !),
Clovis nous offre une ballade de sa plume qu’il dédie à Jon Boutellier, le ténor au timbre magnifique qui prendra le premier solo : un chorus superbement bien construit et bien senti, suivi par la trompette en apesanteur d’un Fabien Mary fort inspiré.
Jon B. |
Fabien M. |
Le thème est tout juste beau. Ca c’est de la ballade, et franchement on croirait un standard tant les harmonies et la mélodie sont évidentes sans être banales. Clovis avouera d’ailleurs qu’il s’est inspiré de la grille d’«E.S.P.», le morceau que Wayne Shorter écrivit pour Miles en 1965.
Le tune suivant est une autre compo du bassiste-leader en hommage à my main man Tom Harrell !
My main man Tom H. |
Fichtre-foutre, ce diable de Clovis veut nous faire mourir de plaisir, crever de bonheur comme de foutus rats swingophiles dans leur cave à jazz ! La basse soutient l’ensemble d’une façon à la fois souple et cadrée, comme on l’attend d’un héritier de Mingus et de Paul Chambers (entre autres) et les souffleurs s’envolent sur la grille comme de foutus oiseaux décollant d’une putain de branche.
Quintet de birds s'apprêtant à décoller (sur la branche supérieure, montrant son cul, leur manager) |
Tony T. |
Luca S. |
Suit un solo de contrebasse (quand le tambour s’arrête… vous connaissez la blague…) sauf que là ça ne rigole pas du tout. Ca sourit plutôt avec un son rond et doux, droit et ductile. La basse comme on l’aime, quoi ! (Et que ceux qui n’aiment pas ça s’étouffent dans leurs propres déjections, et que leur agonie soit lente et douloureuse, comme d’hab’. Non mais!…).
Suit
(je C : 3x « suit » ça fait beaucoup, mais temps pis) un duo
sax/basse sur « On the Sunnyside of the Street ». Bon, là, c’est
plié ! Il n’y a plus le moindre doute : ce satané Clovis Nicolas veut
notre mort (de plaisir, œuf corse), et pour tout dire il exagère. Ce qu’il nous
fait endurer, aucune bête au monde n’y survivrait.
C’est trop.
Maman ! Papa ! Venez rechercher votre fiston qui défaille de bonheur
au Sunside (mais si, vous savez, rue D Lombards, près du foutu Chatelet, à deux
pas de la Tour St. Jacques d’où Blaise Pascal faisait tomber des caillasses
pour calculer je C plus trop quoi). Et dites à l’ambulance de se magner le
train parce que là il n’en peut plus votre aîné. Il agonise !
Après votre ambulance, vous prendrez bien 1 hélicoptère? |
Statue du gars Blaise sous la Tour St. Jacques |
Et
voilà un morceau up tempo pour le réveiller ou l’achever (on verra bien, au
point où on en nait !).
Il a survécu et peut entendre le rappel (et il eut fait beau voir qu’il n’y en eût point — y’a pas à dire : un petit imparfait du subjonctif de temps entend, ça le fait, niet ?). C’est un très beau tempo moyen qui coule deux sources et dans lequel le band se coule comme dans des putains de charentaises bordées de groove et pas du tout pantouflardes (non mais vous n’y êtes pas : rien que l’idée de l’avoir cru possible montre que vous n’y étiez pas — d’ailleurs je ne vous ai pas vus avec mes yeux de lynx myope, et de ce fait binoclard).
Il a survécu et peut entendre le rappel (et il eut fait beau voir qu’il n’y en eût point — y’a pas à dire : un petit imparfait du subjonctif de temps entend, ça le fait, niet ?). C’est un très beau tempo moyen qui coule deux sources et dans lequel le band se coule comme dans des putains de charentaises bordées de groove et pas du tout pantouflardes (non mais vous n’y êtes pas : rien que l’idée de l’avoir cru possible montre que vous n’y étiez pas — d’ailleurs je ne vous ai pas vus avec mes yeux de lynx myope, et de ce fait binoclard).
Charentaises (la bordure de groove est en option) |
Allez,
va, vous savez (depuis le temps qu’on se connaît) que je suis fondamentalement
bon et généreux — mais faut pas me chercher, sinon j’te défonce ta p’tite
gueule — alors je V vous donner le nom du skeud que Clovis a enregistré avec son
band ricain.
Vous
avez de quoi noter ? Ca s’appelle « Nine Stories » et c’est chez
Sunnyside, le label du plus basque des New-Yorquais : cet excellent François
Zalacain.François Z. |
Max
Granvil (Qui d'autre pourrait-ce être? On se l'demande!)
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