jeudi 18 juillet 2019

Clovis Nicolas & Nine Stories, Sunside, 18/07/2019


Eh merde : j’étais en fin de blindfold test, dans ma luxueuse demeure audonienne, avec my main man Jean-Jacques Elangué et on finissait de déguster la cuisine afrrrricaine que je lui avais préparée (prrrrésentement, là dis donc) quand il s’est mis à flotter dru !
Pute borgne, on ne va pas pouvoir aller au Sunside en scooter, et la Maserati est au garage pour révision ! Il va falloir prendre le #@§%* de métro. Se mêler à la « multitude vile » (cf. Baudelaire, toujours lui) pour aller entendre le band de Clovis Nicolas. Et on a déjà raté la moitié  du premier set.
Bon, on arrive à l’entracte. On fait des bises à la moitié du public (des zicos pour la plupart — pas un de mes collègues journaliste n’est là, tant pire pour leur gu… tronche). Puis le 2° set commence et dès le départ y’a du son grave de chez grave. La salle est à moitié vide mais on s’en br… euh bat les couettes, j’veux dire, car le public présent est super réceptif. Et il ferait beau voir qu’il ne le fût point puisque sur scène, c'est pas pour dire mais ça balance terrible (comme le chantait Zanini). 
Marcel Zanini : 1 galure + 1 moustache = tout 1 programme!
 C’est du post hard bop de haute volée, très intelligemment repensé, revécu avec le cœur, les tripes et une énorme paire de… feuilles (je sais : vous vous attendiez à ce que je tape en-dessous de la ceinture, mais macache : Max Granvil n’est jamais là où vous l’attendez, embusqués dans les fourrés, tapis parmi les fougères arborescentes — car le jazz, et l’écriture dessus, sont the sound of surprise, j’te f’rai dire !). 
foutues fougères zarbi récentes
Donc ça sonne d’enfer et chaque membre du quintet a sa sonorité bien à lui, dont la somme quasi mathématique (je pose 2 et je retiens mon souffle) façonne un son de groupe é-nor-me !
Clovis, le leader (charismatique ? Me faites pas chier avec vos clichés !), est quasi planqué derrière les souffleurs (c’est assez dire qu’il ne se met pas en avant et ne vole pas la vedette à ses sidemen) mais c’est lui qui mène son monde et qui arrange la sauce.
Après un « The Blessing », d’Ornette, pris à un tempo d’enfer (Satan l’habite croix-je entendre : par le sang de Jesus Harold Christ, y’ en a qui aiment le chécli  par ici !),
Clovis nous offre une ballade de sa plume qu’il dédie à Jon Boutellier, le ténor au timbre magnifique qui prendra le premier solo : un chorus superbement bien construit et  bien senti, suivi par la trompette en apesanteur d’un Fabien Mary fort inspiré. 
Jon B.















Fabien M.

















Le thème est tout juste beau. Ca c’est de la ballade, et franchement on croirait un standard tant les harmonies et la mélodie sont évidentes sans être banales. Clovis avouera d’ailleurs qu’il s’est inspiré de la grille d’«E.S.P.», le morceau que Wayne Shorter écrivit pour Miles en 1965.
Le tune suivant est une autre compo du bassiste-leader en hommage à my main man Tom Harrell !
My main man Tom H.

Fichtre-foutre, ce diable de Clovis veut nous faire mourir de plaisir, crever de bonheur comme de foutus rats swingophiles dans leur cave à jazz ! La basse soutient l’ensemble d’une façon à la fois souple et cadrée, comme on l’attend d’un héritier de Mingus et de Paul Chambers (entre autres) et les souffleurs s’envolent sur la grille comme de foutus oiseaux décollant d’une putain de branche. 
Quintet de birds s'apprêtant à décoller (sur la branche supérieure, montrant son cul, leur manager)
Suit un solo de piano (Tony Tixier, j’vous f’rai dire — et c’est TOUT dire !) d’une beauté et d’une finesse renversante tandis que la rythmique basse/batterie — Luca Santaniello (dm), celui des 5 que ne connais pas et que je découvre avec grand plaisir —  booste le groove derrière les 88 touches. 
Tony T.


















Luca S.





















Suit un solo de contrebasse (quand le tambour s’arrête… vous connaissez la blague…) sauf que là ça ne rigole pas du tout. Ca sourit plutôt avec un son rond et doux, droit et ductile. La basse comme on l’aime, quoi ! (Et que ceux qui n’aiment pas ça s’étouffent dans leurs propres déjections, et que leur agonie soit lente et douloureuse, comme d’hab’. Non mais!…).
Suit (je C : 3x « suit » ça fait beaucoup, mais temps pis) un duo sax/basse sur « On the Sunnyside of the Street ». Bon, là, c’est plié ! Il n’y a plus le moindre doute : ce satané Clovis Nicolas veut notre mort (de plaisir, œuf corse), et pour tout dire il exagère. Ce qu’il nous fait endurer, aucune bête au monde n’y survivrait.
C’est trop. Maman ! Papa ! Venez rechercher votre fiston qui défaille de bonheur au Sunside (mais si, vous savez, rue D Lombards, près du foutu Chatelet, à deux pas de la Tour St. Jacques d’où Blaise Pascal faisait tomber des caillasses pour calculer je C plus trop quoi). Et dites à l’ambulance de se magner le train parce que là il n’en peut plus votre aîné. Il agonise !
Après votre ambulance, vous prendrez bien 1 hélicoptère?
Statue du gars Blaise sous la Tour St. Jacques
Et voilà un morceau up tempo pour le réveiller ou l’achever (on verra bien, au point où on en nait !).
Il a survécu et peut entendre le rappel (et il eut fait beau voir qu’il n’y en eût point — y’a pas à dire : un petit imparfait du subjonctif de temps entend, ça le fait, niet ?). C’est un très beau tempo moyen qui coule deux sources et dans lequel le band se coule comme dans des putains de charentaises bordées de groove et pas du tout pantouflardes (non mais vous n’y êtes pas : rien que l’idée de l’avoir cru possible montre que vous n’y étiez pas — d’ailleurs je ne vous ai pas vus avec mes yeux de lynx myope, et de ce fait binoclard). 
Charentaises (la bordure de groove est en option)
Allez, va, vous savez (depuis le temps qu’on se connaît) que je suis fondamentalement bon et généreux — mais faut pas me chercher, sinon j’te défonce ta p’tite gueule — alors je V vous donner le nom du skeud que Clovis a enregistré avec son band ricain.  
Vous avez de quoi noter ? Ca s’appelle « Nine Stories » et c’est chez Sunnyside, le label du plus basque des New-Yorquais : cet excellent François Zalacain.
François Z.
Max Granvil (Qui d'autre pourrait-ce être? On se l'demande!)

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