dimanche 14 juillet 2019

Happy Bastille Day! (vol 1)

Au cas où vous ne le sauriez pas, les Rosbifs/Hamburgers (ces barbares d'outre-Manche et outre-Atlantique) appellent notre 14 juillet "Bastille Day".
C'est en fait une vaste connerie que cette célébration de la prise de la Bastille. Le savez-vous? Quand le peuple en délire et sans culotte (que qui vaut mieux que sans délire et en culotte, je vous l'accorde) investit cette prison mal famée, elle ne renfermait pas un seul prisonnier politique mais seulement sept détenus… dont quatre faux-monnayeurs. Bel exploit, donc!
Enfin c'est comme ça, nous avons hérité du 14/07 et de cette merde de Marseillaise (dont le titre original était "Chant de guerre pour l'armée du Rhin") dont les paroles sonnent totalement désuètes voire scandaleusement lepenistes aujourd'hui. Quant à la musique, si elle est indéniablement entraînante, elle reste très va-t-en-guerre et correspond mal à notre temps de paix.
Rouget de Lisle chantant la Marseillaise
Heureusement quelques musiciens de jazz — ou proches du jazz — ont revisité cet hymne national pour le meilleur (difficile de faire pire, de toute façon).
A commencer par Django Reinhardt et Stéphane Grappelli, juste après la libération de 1944. Sauf que leur version swing de la Marseillaise (rebaptisée "Echoes of France") n'a pas plus au régime, qui l'a interdite sur les ondes pendant plusieurs années.
Allez-y voir (ou plutôt entendre) et jugez par vous-mêmes si cette version est iconoclaste ou non :
https://www.youtube.com/watch?v=QyjJ3ThpRkA
 
Ensuite le grand repreneur de la Marseillaise, c'est évidemment Gainsbarre. Tout le monde connait cette version reggae du tune de Rouget de Lisle rebaptisé "Aux armes etcetera" qui fit scandale à l'époque:
https://www.youtube.com/watch?v=mLq7EcvRaf0 
 
Enfin l'autre grand (bien qu'il soit petit de taille) revisiteur de la Marseillaise c'est Jacky Terrasson qui, dans son superbe disque "A Paris" (Blue Note), — sur lequel il reprend à sa (magnifique) façon des chansons françaises telles que "L'aigle noir" de Barbara ou le traditionnel "Plaisirs d'amour" — a métamorphosé notre hymne national en une valse lente!
Fallait oser et ça fonctionne très bien. Une suggestion : passez cette Marseillaise en boucle dans toutes les casernes de France et même du monde et je vous parie que les bidasses ne voudront plus aller à la guerre, convertis qu'ils seront (et terrassés-terrassonnés) par la douceur de ce 3/4 (trois temps) formidablement jouissif et apaisant:
https://www.youtube.com/watch?v=zLA9rpjhiIY
 
Ce splendide trio de Terrasson me donne l'occasion d'ajouter un codicille à l'excellent dernier numéro de Jazz Magazine (je vous rappelle que j'ai quitté cette revue après plus de 30 ans de longs et boyaux sévices 😎😉😂, mais je reste pote avec le directeur de la rédaction, Fred Goaty, à qui j'ai d'ailleurs consacré un article dans B2G voici quelques semaines. Voir plus bas) en grande partie consacré à l'histoire du trio piano/basse/batterie, mais dont la playlist de 150 morceaux (pourquoi pas 200?) oublie quelques monuments de la triade royale… dont le morceau de Terrasson ici cité.

La playlist complément terre de Max Granvil (avec comment terres) :

— Earl "Fatha" Hines — avec Red Callender (b) et Bill Douglas (dm) sur l'un de ses derniers disques, "Honor thy Fatha", en 1978, cinq ans avant sa mort:
"Birdland" : Croyez-le ou pas, "Fatha" reprend le titre phare de Weather Report, et ça marche d'enfer!
— Eddie Costa — avec George Duvivier (b) et Shelly Manne (dm) sur le CD de S. Manne "2,3, 4". 
"Lean on Me" : Déconstruction/reconstruction quasi cubiste d'un standard très peu connu. Une tuerie!
— Geri Allen (Putain, ma copine Geri qui est morte voici deux ans quelques jours après son 60ième anniversaire! Une perte irréparable pour le piano jazz et tout simplement pour cette musique que nous adorons tous) — avec Ron Carter (b) et Tony Williams (dm), excusez du peu! :
"Feed the Fire": Super thème de Geri, qu'elle reprendra entre autres avec la grande Betty Carter (voc).
— Philippe Le Baraillec — avec Stéphane Furic (b) et Patrick Goraguer (dm) sur un disque de 1996 introuvable sauf en occaz, mais qui est une merveille de bout en bout, "Echoes from my Room".
"Round about Midnight" (de Monk, bien sûr) : la version la plus sensible et intelligente qui soit!
— Philippe Le Baraillec (Encore lui? "Tûûûjûûûûrs lui!" — comme aurait dit Johnny) parce qu'il est tout simplement, à mes oreilles, le meilleur pianiste français de sa génération — et ça se sait très peu!
"Song for Lilian": une mélodie lumineuse, un vamp à la Ahmad Jamal (période "Poinciana"), TOP!
La suite demain. Désolé, lecteur(trice) aimé(e), mon pote Rachid m'attend à Corbeil-Essone pour un picnic dominical. Mon magnum de rouge et mon poulet roti m'attendent patiemment dans mon sac à dos tandis que mon fringant destrier Honda Swing piaffe d'impatience sur le trottoir en bas. En pluche, ce satané Rachid est ceinture noire de judo. Alors les mecs/meufs G intérêt à être à l'heure! 😎😉
Max Granvil




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