De
toute évidence, ce gang groove ! Dès l’entrée du Parc floral — où j’arrive
avec 10mn de retard à cause des #@&§%* d’automobiles qui encombrent le
périph’ (pas de ma faute, caisse que vous croyez) — on perçoit ce gros son qui
vous attire irrésistiblement vers le chapiteau où se trouve la scène. Je ne
marche pas vite à cause d’un #@&§%* de genou accidenté voici quelques mois
(pas ma faute, là encore) et j’évite d’écraser les gniards répandus sur les
pelouses du Parc sous l’œil attentif de leurs daron(e)s, mais j’avance avec
détermination sans trop me déhancher (non, je n’ai rien à la hanche — mais
arrêtez de m’interrompre, je vous prix) au son des rythmes exotiques en diable
que produit le groupe dont je me rapproche tel le foutu Comanche du putain de
bison.
Enfin
j’y suis et, de près, évidemment, ça groove encore pluche.
Première
remarque — visuelle — ce band est diablement multicolore. « black, blanc,
beur » diraient les footeux. Et ça fait plaisir à voir car c’est pas pour
dire mais la scène jazz franchouillarde est souvent désespérément
« blanchâtre ». Mais Julien Lourau n’est pas comme ça, lui. Ne l’a
jamais été en fait. De plus il a vécu une paire d’années en Grande Bretagne où
les musiciens (et la société, en fait) sont autrement plus ouverts à l’interculturoracialité
(si on veut bien m’accorder ce nez au logisme).
Côté
zoreilles, ça pulse aussi métissé, et l’Afrique — prrrrrésentement, là
dis-donc ! — n’est jamais loin. En fait le gang au gars Julien nous
baladera sur plusieurs continents au cours de ce concert. L’Amérique du sud,
par exemple avec un thème colombien (très bien, même). L’instrumentation même
fait la part belle aux percussions dynamique et coloristes. Ca pulse donc grave
et ça jubile dru.
Je
prépare actuellement un papier sur le peu d’intérêt des musiciens français —
entre autres des batteurs — pour les polyrythmies africaines ou antillaises. Un
article qui va secouer le cocotier (vous pouvez compter sur moi, vous le savez,
vous qui êtes de fidèles lecteurs du Blog 2 Garenne) et sûrement amener
quelques drummers hexagonaux à me battre froid (mais peu m’en chaut,
fichtre !). Là on se régale au son d’une pulsation dense et aérée à la
fois, un (poly)rythme à la fois primal et sophistiqué qui sous-tend en
permanence la mélodie et la trame harmonique, tel un tapis moelleux et bigarré.
Et
quand ils ont un solo, les deux percussionnistes envoient la purée sans retenue
si bien qu’on se croirait sous le baobab
avec les hippos et les phacochères qui se trémoussent en cadence (mais si, mais
si : soyez un peu imaginatifs, que diable !).
Ah,
avant que j’oublie : ce band, non content d’être racialement bigarré est également
mixte et pour tout dire paritaire. Trois des mecs présent sur scène sont en
fait des meufs — et pas n’importe qui pour faire joli. Ca aussi ça fait du bien
et ce n’est pas si fréquent si on y songe.
Là
encore, qui, en France joue à égalité hommes/femmes ? Pas grand monde,
reconnaissons-le. On dira que c’est un truc très « latin » et il est
vrai que plus on monte vers le nord de l’Europe, plus on voit de femmes sur
scène (et pas seulement des chanteuses et des pianistes). Au point qu’en Suède
ou en Norvège, par exemple, on en voit (et entend) partout.
Mélissa |
Céline |
Notre
bon vieil Hexagone emboîtera-t-il le pas de ces pays pionniers ? Fred
Maurin, le nouveau dirlo de l’ONJ, sembel en prendre le chemin (par contre,
côté black, blanc, beur il a encore du boulot sur la planche). Espérons qu’il
fasse école et que l’on voie bientôt davantage de dames sur scènes et en
studios (oui, je sais, on a déjà Eve Risser, Alexandra Grimal, Céline Bonacina
— présente au Parc floral cet aprèm —, Anne Pacéo, Sophie Alour, Sophia
Domancich, Géraldiiiiiine Laurent, la grande Joëëëëëlle (Léandre)… (j’en
oublie, qu’elles me pardonnent). Mais jetez juste un œil de l’autre côté du
Rhin (allez-y n’ayez pas peur, le maître nageur est là qui veille au grain) et
vous serez épaté tout en chopant un strabisme divergent. Je ne ferai pas de
name dropping mais entre Julia Hülsmann (p) et Angelika Niescier (as), il y a
de quoi remplir un bus de Fraüleine d’excellent niveau — qu’on n’entend
évidemment jamais en France (suivez mon regard noir de reproches dirigé vers
les #@&§%* de programmateurs franchouillards).
Julia |
Angelika |
Mais
revenons au band au gars Julien. Un des grands mérites de ce leader, c’est
qu’il ne tire pas la couverture à lui. C’est évidemment lui qui organise la
musique et qui dirige cette moyenne formation, mais il laisse largement la
bride sur le cou à ses sidemen et ne s’arroge pas la majorité des solos, comme
font d’autres dont je tairai les noms (par peur des représailles ? Vous
voulez rire ? Je maîtrise parfaitement divers arts martiaux et je ne
crains personne, par tous les diables !). Ca circule donc, à l’intérieur
de ce groupe et c’est un bonheur de voir et d’entendre cet échange se dérouler
sous nos yeux et nos oreilles.
Je
m’éloigne un moment du backstage pour obéir à ma #@&§%* de prostate qui me
titille depuis un moment, et qui rencontré-je ? Laurent Carrier, un vieux
pote qui est l’agent des Groove Retrievers de Monsieur Julien Lourau. On taille
une petite bavette, mais il est temps de remonter près de la scène où ça
chauffe terrible. Ces GROOVE Retrievers n’ont décidément pas volé leur nom et,
comme c’est le dernier morceau, le public en délire ne veut pas les laisser
partir.
Alors
Julien fait ce qu’il y avait de mieux à faire : seul sur scène avec son
ténor il balance un solo qui commence dans les graves bien râpeux pour se
terminer en un aigu filé avant que les Retrievers le rejoignent pour trousser un
thème bien chaloupé qui mettra tout le monde d’accord. Et vous savez
quoi ? Le public — cette masse insatiable que Baudelaire appelait
« la multitude vile » (mais Baudelaire, hein, comme misanthrope il se
posait là — non pas ici, là j’ai dit et que j’n’aie pas à l’répéter !) —
en revoulut et il y eut un deuxième rappel. Oui, braves gens, même quand le
concert ne leur coûte pas un rond les gens en redemandent. In-sa-tiables, je
vous dis !
Au
fait « Retrievers », en Rosbif/Hamburger, ça veut dire
« retrouveurs », « récupérateurs ». Eh bien oui mes amis :
inutile de chercher plus loin ni de vous perdre dans une quête longue et
fastidieuse. Julien Lourau et son équipe ont retrouvé le groove. Ils le
tiennent bien serré contre leur cœur et vous le livrent tout chaud tout doux ou
tout dru sur un plateau (ça s’appelle une scène) et gratos en pluche au Parc
floral de 20 scènes.
Et
devinez quoi, bande de petits veinards, ils ont même enregistré voici deux ans un
skeud que rien (ni personne) ne vous empêche d’acquérir (y f’rait beau voir que
l’on vous en empêchât !) pour le chérir et/ou pour l’offrir à vos êtres
chers (vos êtres, pas le CD qui se vend à vil prix, je vous prie).
Allez,
va, comme je suis bon et généreux je vous dis même qu’il s’appelle
« Julien Lourau & the Gang Retrievers » (pourquoi faire compliqué
quand on peut faire simple, hein ?) et qu’il est publié chez 2birdstone
productions.
Checkez le sur le net ou chez votre dealer de skeuds (c’est un
ordre, évidemment !)
Max
Granvil
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